Une start-up normande invente une table tactile géante pour les lieux publics

Par Claire Garnier, à Rouen  |   |  699  mots
La table tactile d'Itekube au musée des Beaux Arts de Boston. DR.
La table tactile mise au point par la start-up caennaise Itekube est une sorte d'iPad géant fonctionnant sous Windows. Elle a fait sensation au musée des Beaux Arts de Boston. Les frères Ulrich visent les musées et les collectivités.

La table tactile d'Itekube est née dans le sillage de l'iPad d'Apple. David et Julien Ulrich ont commencé par réaliser un prototype de table tactile avant de créer leur start-up à Caen, en août 2011, Itekube. Leur projet est de se démarquer du produit existant de Microsoft (« Surface ») avec une table « plus grande, plus solide, plus puissante et plus haut de gamme » spécialement conçue pour être manipulée par le grand public et les personnes en fauteuil roulant. Itekube veut jouer les pionniers sur un marché naissant. « Personne ne s'était positionné avant nous sur les solutions tactiles pour les musées, les collectivités, les salons, les entreprises » affirme Julien Ulrich. « Mon frère, qui était développeur 3 D indépendant, a reçu des demandes spontanées de musées pour des interfaces tactiles. C'est comme cela qu'est né notre projet » confie le co-fondateur. «Nous assemblons un produit qui est une sorte d'iPad géant sous Windows qui permet de faire tourner des logiciels 3D grâce à la puissance de son unité centrale et de sa carte graphique ». Un ordinateur très puissant qui permet de montrer « la maquette numérique complète d'un avion de chasse ...jusqu'au moindre petit rivet ! » assurent les fondateurs.

Un écran Samsung blindé pour un produit haut de gamme à 18.000 euros
«Robuste et étanche », la table tactile d'Itekube, baptisée EVA Multitouch, est censée pouvoir recevoir les coups et les projections de soda des enfants les plus remuants. Elle repose sur des pieds amovibles en acier et son écran tactile LED de 117 cm est protégé par un verre blindé. Mais alors, quid des fonctions tactiles ? C'est un « film » virtuel infrarouge au-dessus du verre qui permet d'accéder à ces fonctions. Pour industrialiser son produit, Itekube a dû s'entendre avec des fournisseurs du monde entier, dont Samsung pour l'écran haut de gamme, et l'entreprise caennaise Axeos pour le châssis en aluminium qui encadre l'écran et l'assemblage. EVA Multitouch est un «produit haut de gamme », soulignent les frères Ulrich. Son prix moyen : 18.000 euros. Le client peut acheter cette table « nue » (avec le système d'exploitation Windows 7 Touch), l'acheter avec des logiciels développés par Itekube (présentation-animation de catalogue, création d'environnements 3D, etc) ou encore la louer.

Exposée à Boston avec des logiciels 3D de Dassault Systèmes
Les collectivités locales avec leurs projets d'urbanisme constituent une cible importante pour les frères Ulrich. Ils viennent pour cela de conclure un partenariat avec la société rennaise « Archi Video » qui a mis au point un logiciel (Territoires 3 D) qui recrée avec l'Institut géographique national (IGN) une maquette numérique de la France entière. La possibilité de présenter de façon interactive des contenus intéresse déjà de nombreux musées. Itekube a déjà franchi l'Atlantique avec son client Dassault Systèmes, leader mondial des logiciels de création 3 D. Au musée des Beaux Arts de Boston, les visiteurs ont pu « explorer » le plateau des pyramides égyptiennes de Gizeh. Les tables tactiles était fournies par Itekube et la reconstitution virtuelle interactive en 3 D (« Giza 3D ) par Dassault Systèmes. 

Déjà une douzaine d'exemplaires vendus
Itekube a vendu une douzaine de tables à ce jour à des clients comme Total, Dassault Systèmes (leader mondial du logiciel 3 D), Archi Video, ou encore Sogitec, filiale de Dassault Aviation. Elle a, par ailleurs, loué ses tables pour différents salons : Batimat, salon nautique, Imagina, etc. Elle table sur un chiffre d'affaires de 750.000 euros sur 12 mois et prévoit de passer rapidement de 3 à 5 salariés.
Les deux frères financent le développement de leur start-up sur leurs économies personnelles ; ils bénéficient également d'un prêt à taux zéro de 31.000 euros du Conseil général du Calvados (Calvados Innovation). Leur objectif à court terme est de rechercher des partenaires pour distribuer leur table tactile en France, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et en Allemagne. Ils disent former un binôme très complémentaire. David, 40 ans, est un « geek avec une bonne compréhension du business » et Julien, 43 ans, un « spécialiste du marketing avec des compétences de geek ».