"Le monde pourrait connaître un sabotage numérique grave"

Par latribune.fr  |   |  509  mots
Les menaces de cyberattaques "ne sont pas imaginaires, elles sont tout autour de nous", a indiqué le directeur des services secrets néerlandais.
La mise en garde, quelque peu apocalyptique, vient du chef des services secrets néerlandais, Rob Bertholee. Il prédit "qu'un acte grave de sabotage numérique" pourrait être à l'origine de "troubles, de chaos et de désordre" dans le monde entier.

"Le genre de choses qui pourrait vous empêcher de fermer l'œil la nuit." C'est en ces termes que Rob Bertholee, le chef des services secrets néerlandais, a qualifié un potentiel sabotage d'infrastructures vitales devant plusieurs centaines d'experts et de représentants officiels. Ils se sont réunis à La Haye lors d'une conférence sur la cybersécurité.

L'avertissement est intervenu alors qu'une cyberattaque internationale a fait plus de 200.000 victimes dans au moins 150 pays depuis vendredi 12 mai.

"Les menaces de cyberattaques ne sont pas imaginaires, elles sont tout autour de nous", a assuré le directeur des services secrets lors de ce forum néerlandais. "A mon avis, nous pourrions être bien plus proches d'un acte grave de sabotage numérique que beaucoup de personnes ne le pensent."

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Troubles, chaos et désordre

Pour illustrer la vulnérabilité des infrastructures, M. Bertholee a rappelé plusieurs situations passées. Notamment en 2012, lorsque les ordinateurs de la plus grande compagnie pétrolière d'Arabie saoudite avaient été victimes d'une attaque. Autre cas, trois ans plus tard, les compagnies d'électricité ukrainiennes avaient été piratées provoquant ainsi une panne de courant pendant plusieurs heures.

Le directeur des services secrets néerlandais a expliqué cette fragilité par les fortes interconnexions qui lient les infrastructures du monde entier. Ce qui compte autant "d'avantages que de vulnérabilités", selon lui.

"Imaginez ce qu'il pourrait se passer si le système bancaire tout entier était saboté durant un jour, deux jours, ou une semaine [...] Ou s'il y avait une panne dans notre réseau de transports. Ou si les contrôleurs de trafic aérien étaient confrontés à des cyberattaques pendant qu'ils donnent des instructions à des vols. Les conséquences seraient catastrophiques."

Rob Bertholee assure qu'un sabotage de l'un de ces acteurs pourrait ainsi avoir des "répercussions publiques, causant troubles, chaos et désordre".

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Le cyberterrorisme, une priorité

Autre point à l'ordre du jour de la conférence, la menace cyberterroriste, provenant notamment d'organisations telles que le groupe Etat islamique ou Al-Qaïda. "Elle reste limitée", a assuré Rob Bertholee. "Mais le terrorisme inspiré par les djihadistes est la priorité des services secrets." Et d'ajouter:

"Le niveau d'expertise technique accessible à un groupe djihadiste est toujours insuffisant pour infliger des dégâts importants ou des dommages corporels par le biais d'un sabotage numérique.[...] Ils n'en ont peut-être pas encore la capacité mais ils en ont certainement l'intention."

Le chef des services secrets néerlandais a renouvelé sa mise en garde aux gouvernements et au secteur privé, les priant de collaborer et de se tenir prêts face à des menaces futures dans le domaine numérique. D'après des spécialistes de la sécurité informatique, de nouvelles attaques sont possibles. Concernant la cyberattaque internationale de vendredi, un lien potentiel avec la Corée du Nord a été évoqué.

( avec AFP)