Pourquoi les cybercriminels ont un faible pour les Etats-Unis

Par latribune.fr  |   |  400  mots
Un des agents du Cyber Crimes Center. Cette agence fédérale américaine est chargée de la lutte contre la cybercriminalité, y compris le non-respect du droit à la propriété intellectuelle. Copyright Reuters
Selon un livre blanc présenté ce mercredi à l'Assemblée nationale, la législation "permissive" qui prévaut dans de nombreux Etats américains favorise la concentration des attaques informatiques outre-Atlantique.

"Les marchés noirs de la cybercriminalité"... Tel est le titre alléchant du Livre blanc présenté ce mercredi à l'Assemblée nationale par la Compagnie européenne d'intelligence stratégique (CEIS). Les experts de cette société ont passé au crible les profils des cybercriminels, leurs tactiques et leurs outils, ainsi que les moyens de s'en protéger. Et l'une de leurs conclusions en surprendra plus d'un.

Selon la CEIS, si "les opérations de blanchiment d'argent sont traditionnellement associées aux paradis fiscaux (...), le pays le plus recherché par les cybercriminels n'apparaît sur aucune liste noire de l'OCDE". Et pour cause ! Il s'agit des Etats-Unis. Ou plus précisément d'une quinzaine de ses Etats dont la législation très permissive favorise le développement de la cybercriminalité. Les auteurs de ce livre blanc pointent notamment du doigt les plus libéraux d'entre eux : le Delaware, la Californie, la Floride et l'Etat de New York.

Les textes qui y encadrent la création de sociétés à "responsabilité limitée" offrent aux "hackers" et autres spécialistes du piratage informatiques une liberté très appréciable :"n'importe quelle personne, résidant hors des ou aux Etats-Unis, peut créer sa propre société en 24 heures sur Internet. Il suffit de remplir un formulaire. La création d'une société au Delaware coûte ainsi 129 dollars", souligne la CEIS.

Selon le rapport, "ces sociétés écrans sont légalement enregistrées par un agent sur place qui n'est astreint à aucune responsabilité, que ce soit en termes de surveillance d'éventuelles activités illicites ou de signalement aux autorités en cas de soupçons". Les experts de la CEIS ont recensé quatorze Etats dans lesquels ces sociétés fictives sont autorisées à garder secret le nom de leurs membres ou propriétaires. 

"Une fois la société enregistrée, l'agent ouvre un compte bancaire aux Etats-Unis pour son client" et "les virements effectués transitent vers des succursales de banques internationales à New York puis sont rapatriés vers l'étranger", explique le Livre blanc. Les cybercriminels peuvent même, apparemment sans prendre de grand risque, blanchir leurs gains : "la société écran permet de faire passer ces numéraires pour des revenus issus d'une activité économique réelle et la succession de virements bancaires internationaux ne permet pas de remonter à la source", assure la CEIS.