Google relance la bataille de la télévision connectée

Par Nabil Bourassi  |   |  596  mots
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L'échec de la Google TV ne signifie pas pour autant un renoncement pour la firme californienne éditrice du célèbre moteur de recherche. En lançant Chromecast, Google repart à l'offensive sur le segment de la télévision connectée en espérant s'accaparer une partie de son marché publicitaire...

S'il y a bien un objet high tech dont la taille n'est pas à la mesure des ambitions de son créateur, c'est bien Chromecast, lancé jeudi par Google. Au format d'une clé USB, il s'agit ni plus ni moins d'une espèce de box miniaturisée qui se branche directement sur le port HDMI du téléviseur. Ce dernier se connecte alors à internet et à tout appareil fonctionnant sous Android, le système d'exploitation conçu par la firme de Mountain View.

Une "box" miniaturisée

Chromecast apporte de nombreux services comme un accès au navigateur internet Chrome. Il est aussi une porte d'accès aux contenus de Google Play, la plateforme d'applications de Google. Mais c'est aussi de nombreux autres services comme le replay ou des services de vidéo à la demande (VOD). Pour réussir le lancement de son nouveau produit, Google offre les trois premiers mois d'abonnement à Netflix, la célébre plateforme de VOD.

Du coup, la "clé" reviendrait à 11 dollars au lieu de 35, un prix extrêmement compétitif face à l'Apple TV (109 dollars). Sauf que face à la ruée, Google a décidé de retirer son offre promotionnelle. Sur le fond, rien de révolutionnaire jusque-là puisque les ménages sont déjà suréquipés, notamment aux Etats-Unis d'appareils qui font office de "box" comme celles proposées par les câblo-opérateurs, mais également par certaines consoles de jeux (Xbox), ou par l'Apple TV.

Le premier des "quatre écrans"

Mais cette nouvelle offensive de Google sur la télévision, après l'échec de la Google TV, signe l'intensification de la bataille autour du premier des "quatre écrans" (télévision, ordinateur, smartphone, tablette numérique). Après avoir été longtemps négligé, la télévision est de nouveau perçue comme un relais de croissance non pas comme objet mais pour les services qu'elle peut potentiellement diffuser. Et qui parle de diffusion de contenus, dit diffusion de publicité, qui est justement le modèle économique de Google.

Tout miser sur Youtube

Pour s'imposer sur ce créneau, le célèbre moteur de recherche mise sur Youtube, sa filiale de vidéos partagées. Google veut sortir Youtube des ordinateurs, des smartphones et des tablettes numériques et l'imposer dans le salon des ménages. S'il réussit, il entrera de plain-pied sur le marché publicitaire lucratif de l'audiovisuel. Ce dernier présente l'avantage d'être déjà bien structuré contrairement à celui des nouveaux médias.

Mais lancer une mini-box ne suffira pas. Google devra faire monter en gamme Youtube s'il veut devenir un véritable canal de télévision et non plus un fourre-tout de vidéos de  qualité variable qui ne dépassent les 3 ou quatre minutes. Pour cela, le groupe développe de nouveaux services comme des chaînes thématiques, ou dédiées à des marques pour des tutoriels par exemple, ou encore des concerts en direct? 

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Levée de boucliers

Google, producteur de produits audiovisuels, ou un simple agrégateur de contenus ? La question ne sera pas sans poser de problèmes. D'un côté, les opérateurs d'accès à internet pourraient se voir griller la politesse sur leurs box et les services annexes. Google risque surtout une levée de boucliers des cablos-opérateurs qui restent les principaux producteurs de contenus cinémas. Cette obligation, coûteuse, qui ne s'impose ni à Google ni à Youtube pourrait alors être à l'origine d'un charcutage du système de financement du cinéma?