Où en est la croisade "anticourriels" d'Atos ?

Par Pierre Manière  |   |  412  mots
Thierry Breton, le PDG d'Atos, a mobilisé dès 2011 l'entreprise mondiale de services informatiques dans un projet « zéro e-mail ». Le réseau social de l'entreprise, blueKiwi, a permis depuis d'en réduire fortement le nombre, mais pas de s'en passer totalement.. / DR
Ses déclarations ont fait le tour du monde. En février 2011, Thierry Breton déclare vouloir bannir les courriels du quotidien d'Atos. Objectif « zéro e-mail » avant 2014, lance-t-il avec fracas.

Aujourd'hui, le discours est plus prudent et les 75.000 collaborateurs du groupe continuent pourtant d'y recourir. Il faut dire que la plupart des clients de l'entreprise de services informatiques sont rompus à l'usage des courriels... Difficile, donc, de s'en passer. Mais au sein de la société, ceux-ci sont effectivement de moins en moins utilisés.

« En trois ans, le nombre d'e-mails internes a chuté de 60 %, précise Philippe Mareine, le secrétaire général du groupe. En 2011, nos employés en envoyaient une centaine par semaine, contre une quarantaine aujourd'hui. »

Pourquoi cette chasse aux e-mails ?

« Parce qu'ils sont source d'inefficacité, sont envahissants et génèrent une forme de pollution, poursuit le secrétaire général. Nos études ont révélé que nos employés passaient entre dix et quinze heures par semaine à les ouvrir, sachant que seuls 15 % d'entre eux leur étaient directement utiles au travail. »

Pour diminuer aussi drastiquement les courriels, les employés se sont convertis au réseau social d'entreprise de blueKiwi, dont Atos a racheté la société au printemps 2012.

On peut d'ailleurs y lire directement ses e-mails, qui apparaissent sous la forme d'un flux d'informations. Pour fluidifier les échanges, des outils de chat et de visioconférence ont été greffés à la plate-forme. Les communications sont ainsi aussi importantes qu'avant, mais plus efficaces et mieux organisées.

« Au sein de blueKiwi, nous avons plus de 6.000 communautés, explique Philippe Mareine. Celles-ci épousent à la fois l'organisation de l'entreprise, avec la communauté des financiers ou des juristes. Beaucoup sont consacrées aux projets de nos clients et certaines sont thématiques, liées au développement durable ou à une technologie pointue. »

À travers ces outils, c'est toute l'organisation de l'entreprise et sa manière de travailler qui a été repensée de manière plus transversale, collaborative...

« Et moins militaro-hiérarchique », ajoute le secrétaire général.

Désormais, « les collaborateurs peuvent "challenger" leurs managers » lorsqu'ils ne sont pas d'accord avec eux.

Pour éviter que ceux-ci ne prennent la mouche face à cette nouvelle manière de travailler, le groupe organise des formations spécifiques.

« L'objectif, c'est de leur montrer qu'on peut gagner en efficacité. »

Un exemple ?

« Là où il fallait avant quarante-huit heures pour mobiliser le bon expert sur un problème précis, ça ne nous prend plus qu'une heure. »

De même, « on peut réunir plus rapidement les compétences pour répondre à un appel d'offres, ce qui accroît nos chances de gagner ».