Lancement sans succès de la radio numérique terrestre

Par latribune.fr  |   |  476  mots
Les radios du groupe Radio France ne seront pas présentes sur la Radio Numérique Terrestre. (Photo : Reuters)
La radio numérique terrestre qui va être lancée vendredi à Paris, Marseille et Nice, peine à convaincre, aucun des grands groupes privés ni Radio France ne participant à l'opération. Le web semble avoir la faveur des grands groupes.

La radio numérique terrestre (RNT), lancée ce vendredi, serait-elle déjà en retard d'une guerre ? C'est ce que les conditions de son lancement laissent penser. En effet, les grands groupes ont refusé de s'associer au projet, et même les pouvoirs publics ne semblent pas y croire. Dès septembre 2012, le ministère de la Communication avait en effet annoncé que le gouvernement ne préempterait pas de fréquences de radio numérique terrestre pour Radio France et Radio France Internationale.

Un projet "mort né"

La RNT, équivalent de la TNT mais à la radio, offre pourtant une qualité de service supérieure grâce à une meilleure couverture du territoire, et à la possibilité de diffuser davantage de stations, aux podcasts disponibles et à un meilleur son notamment. Mais ce projet est une "catastrophe" pour Michel Cacouault, le président du Bureau de la radio, interrogé par l'AFP. Pour l'association, qui regroupe RTL, Europe 1, NRJ et NextRadioTV, "même en Angleterre, qui est le pays de pointe, c'est mort-né".

"Nous avons la certitude que la RNT est vouée à l'échec", déclare-t-il, rappelant que "80% du marché n'y est pas allé".

Seules les radios indépendantes et sélectionnées par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) en 2012 vont émettre en RNT depuis l'une des trois villes : parmi les plus connues, on retrouve Radio FG, Latina, Voltage, Ouï FM, TSF Jazz, Nova, Sud Radio, MFM, Radio Notre Dame ou Skyrock. Et une infime partie des auditeurs sera touchée.

L'un des problèmes vient du fait que la RNT n'est pas compatible avec les postes de radio classiques, et qu'aujourd'hui, seulement 10% des voitures neuves sont déjà équipées d'appareils compatibles.

La radio web inspire plus les grandes radios

Militant depuis des années pour un lancement de la RNT en France, le Sirti (syndicat interprofessionnel des radios et télévisions indépendantes) "encourage à rejoindre le combat pour la radio numérique pour tous, gratuite, libre d'accès et diversifiée, pour l'avenir de la radio en France".

"La grande majorité des éditeurs de radio souffrent dans les limites de la bande FM, à cause de la rareté des fréquences, et aussi à cause des limites de l'analogique qui éloigne la jeunesse", a déclaré mardi Philippe Gault, le président du Sirti.

Mais le Bureau de la radio, lui, insiste sur son coût financier sous la forme "soit de lourdes subventions publiques, soit d'aides privées significatives".

"Nous considérons que le numérique passe par le web", a martelé Michel Cacouault, balayant l'argument du Sirti qui considère que la radio par Internet est payante parce qu'elle requiert un abonnement : "aujourd'hui, tout le monde a Internet". En France, 6,3 millions de personnes écoutent la radio sur un support multimédia (sur ordinateur, tablette ou smartphone...), soit 11,9% des Français, selon Médiamétrie.