Pour Gameloft, l'OPA de Vivendi n'a aucun sens

Par latribune.fr  |   |  521  mots
Gameloft (éditeur du jeu Assassin's Creed, ci-dessus) estime que la montée au capital de Vivendi s'est faite dans des modalités, "qui ont trompé et lésé les actionnaires minoritaires ayant cédé leurs titres".
Le conseil d'administration de l'éditeur de jeux vidéo sur mobile a vivement critiqué l'offre hostile de rachat lancée par Bolloré. Non seulement, il estime que Vivendi a "trompé et lésé les actionnaires minoritaires", mais encore il estime cette opération "contraire à l'intérêt de Gameloft".

Gameloft a enfin réagi publiquement à l'OPA hostile annoncée le 18 février par Vivendi. À la suite d'une réunion du conseil d'administration, l'éditeur français de jeux vidéo sur mobile a déclaré, dans un communiqué publié lundi 29 février, qu'il jugeait l'offre du groupe de Vincent Bolloré "contraire à l'intérêt de Gameloft, de ses actionnaires, de ses salariés et de ses clients".

Vivendi détenait en date du 18 février 30,01% du capital et 26,72% des droits de vote de la société dirigée par Michel Guillemot.

Vivendi a "trompé et lésé les actionnaires minoritaires"

L'entreprise fondée par les frères Guillemot déplore "l'absence de rationnel industriel" de cette OPA constatant qu'"aucune activité [n'est] susceptible [de lui] apporter des synergies", "l'insuffisance des termes financiers de l'offre au regard de la valeur intrinsèque et des perspectives" de l'entreprise ainsi que "la déstabilisation des équipes résultant de cette offre hostile".

L'éditeur de jeux vidéo critique aussi vivement la façon de procéder de Vivendi, invoquant en dernière raison de son refus "les modalités de la montée au capital de Gameloft par Vivendi depuis le 22 septembre 2015, qui ont trompé et lésé les actionnaires minoritaires ayant cédé leurs titres à Vivendi".

L'avis motivé sur les termes du projet d'offre publique sera communiqué lors d'une nouvelle réunion du conseil d'administration, dont la date n'a pas encore été déterminée.

Contrer les ambitions de Bolloré

Le groupe familial Guillemot, qui détenait 18,99% du capital et 27,26% des droits de vote au 8 février, a franchi le seuil de 20% du capital de Gameloft (exactement 20,29%) et détient 28,42% des droits de vote de cette société, selon un avis publié le 24 février par l'Autorité des marchés financiers (AMF). Dans une déclaration d'intention accompagnant l'annonce de leur renforcement au capital de Gameloft, les membres du conseil indiquent qu'ils "n'envisagent pas de prendre le contrôle de Gameloft SE, mais ne s'interdisent pas de le faire".

Le groupe de Vincent Bolloré détient par ailleurs 14,9% du capital d'Ubisoft, éditeur de jeux vidéo dirigé par un autre frère Guillemot, Yves. Pour contrer la "menace" que représente le groupe de médias, l'éditeur des succès Assassin's Creed ou encore Rayman, recherche au Canada de nouveaux investisseurs, a indiqué Yves Guillemot, le 26 février à La Presse.

"J'espère que nous allons réussir à trouver des partenaires locaux parce que ce serait très logique que nous ayons avec nous des investisseurs locaux qui permettraient de stabiliser le capital", a-t-il noté.

L'objectif du fondateur est de sécuriser la moitié des droits de vote pour couper court à toute OPA de Vivendi d'ici à la prochaine assemblée générale d'Ubisoft en septembre. "On devrait avoir la possibilité d'avoir plus de 50% des votes et donc ne pas avoir de membre [de Vivendi] au conseil d'administration", a déclaré le Pdg d'Ubisoft, rappelant que la prise de contrôle du conseil d'administration de Telecom Italia par Vincent Bolloré s'est faite avec 22% de la société.

(L. P. avec AFP)