Nourris-toi toi-même  !

Par Olivier Mirguet  |   |  545  mots
Mickaël Gandecki, Myfood, 32 ans (Crédits : DR)
#10000 STARTUPS. Les jeunes ingénieurs de MyFood proposent une serre connectée qui permet à ses utilisateurs de récolter jusqu'à 400 kilos de fruits et légumes frais par an.

Un "bilan personnel de l'avenir de la planète" est à l'origine de la création par Mickaël Gandecki et ses deux jeunes associés de la société Myfood et de leur première serre connecté. L'idée consiste à permettre à une famille de produire sa propre alimentation, en pariant sur la symbiose entre des poissons et des végétaux. Le concept se nomme "aquaponie" : la culture est irriguée par de l'eau prélevée dans un aquarium. Les principes de la permaculture autorisent l'absence d'engrais chimiques. Des développements open source et l'utilisation de l'intelligence artificielle rendent la serre connectée. L'interface proposée par Myfood permet de piloter la production à distance et de mobiliser la communauté des utilisateurs. L'application dédiée définit à chaque utilisateur des conseils spécialisés par rapport au comportement de sa serre. Les concepteurs promettent jusqu'à 400 kilogrammes de récoltes de fruits et légumes par an : des salades, des radis, des navets, des épinards, des fraises ou des groseilles. Mais pas d'arbres fruitiers ni de céréales, impossibles à cultiver sous serre. "Grâce au pilotage à distance, on peut partir trois ou quatre semaines en vacances sans avoir à se soucier de la production", promet Mickaël Gandecki.

La serre est conçue comme une cathédrale de verre de 22 mètres carrés. Les fruits et légumes poussent en hauteur. Un système d'auto-arrosage favorise leur croissance. La société a vendu 180 serres depuis sa naissance en 2016. "On se rémunère sur les ventes, à 8.000 euros l'unité", explique Mickaël Gandecki. Un deuxième modèle plus compact (3,5 mètres carrés) a été mis au point pour une utilisation sur un balcon. Une installation encore plus compacte, sous la forme d'une tour de culture éclairée par des diodes électroluminescentes, peut enfin être installée à l'intérieur d'un logement. L'organisation commerciale se base sur la vente directe, mais les premiers utilisateurs qualifiés de "pionniers" ont été invités à accueillir des prospects pour des démonstrations sur site. Ces premiers clients sont aussi des militants de l'écologie : l'utilisation de la serre promet d'utiliser 90 % d'eau en moins que l'agriculture traditionnelle et la culture potagère. Équipées de panneaux solaires, les serres sont autonomes en énergie.

Myfood a connu une croissance rapide. La production actuelle s'accélère à 5 unités par jour. L'entreprise établie à Molsheim (Bas-Rhin) a réussi sa première levée de fonds d'1,2 million d'euros en septembre 2017 auprès de business angels locaux. Une prochaine levée de fonds de 5 millions de fonds est attendue en 2019, dans le but de financer une croissance internationale. Des développements techniques sont en cours en partenariat avec l'industriel Air Liquide, qui doit fournir un système de réinjection de CO2 pour favoriser une meilleure croissance des végétaux. La structure de la serre est fournie par un sous-traitant flamand. "Si nos fournisseurs jouent le jeu, nous continuerons de nous développer avec eux. On ne veut pas réinventer des métiers dans le profil aluminium ou la logistique, alors pourquoi intégrer la production ?" s'interroge Mickaël Gandecki. Myfood compte seulement 10 salariés à Molsheim, sur une plate-forme logistique, et vise 15 millions d'euros de chiffre d'affaires d'ici cinq ans.