Le patron d'Orange à la reconquête... du Cantal

Par Delphine Cuny  |   |  544  mots
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Stéphane Richard passe la journée de lundi sur place. Le dirigeant de l'opérateur télécom avait agacé les élus du département en parlant de la « mamie du Cantal » qui n'aurait pas les mêmes besoins que le « geek parisien ».

« La mamie du Cantal n'a pas besoin de la même offre qu'un geek à Paris. » Ce propos de Stéphane Richard dans une interview début janvier, qui visait l'offre de son concurrent Free Mobile, avait provoqué une polémique sur la fracture numérique. Le président du conseil général du Cantal, le député (UMP) Vincent Descoeur, avait écrit au patron de France Télécom-Orange une cinglante lettre ouverte, dénonçant le « raccourci caricatural (...) malvenu et injustifié » mais aussi « une vision réductrice et très parisienne dans laquelle seul l'urbain rimerait avec modernité. » Très remonté, l'élu du Cantal ajoutait dans son courrier : « le fait de laisser penser que certains de nos concitoyens auraient moins de besoins que d'autres au seul motif qu'ils n'habitent pas dans des grands centres urbains, relève du mépris voire de la provocation et n'est pas acceptable. » Il invitait toutefois le dirigeant de l'opérateur à venir rencontrer des « internautes cantaliens qui ont autant besoin de débit que le « geek parisien. »

L'« opérateur des champs » et son rôle dans l'aménagement du territoire

Une opération de rabibochage sur le terrain s'imposait : Stéphane Richard va donc passer toute sa journée de lundi dans le Cantal. Le directeur général de France Télécom sera accueilli par Vincent Descoeur, qu'il avait appelé « pour s'expliquer » après avoir reçu son courrier. Au programme, visite d'un centre d'appels à Aurillac, inauguration d'une antenne-relais 3G dans le petit village de Prunet, déjeuner avec des « patrons représentatifs de l'environnement local », visite d'un centre de télétravail (« télécentre ») à la Chambre de commerce et d'industrie et signature d'une convention sur la 3G (partage d'installations ou « RAN sharing »). De quoi remettre en lumière le rôle de l'opérateur historique dans l'aménagement numérique du territoire. D'autant que, du fait de son réseau de cuivre hérité de l'ex-monopole des télécoms qui couvre tout le territoire et de son image rassurante, Orange a traditionnellement des parts de marché plus élevées en milieu rural qu'en ville, ce qui lui a valu le surnom d'« opérateur des champs » par rapport aux alternatifs « des villes ». Free est par exemple largement leader dans l'ADSL à Paris.

« La mamie du Cantal est aussi la mienne »

Le 1e février, lors d'une audition à l'Assemblée nationale, devant la commission des affaires économiques, Stéphane Richard a eu l'occasion d'exprimer ses regrets « d'avoir déclenché une polémique à propos de la desserte des zones rurales », soulignant qu'il était lui-même « originaire d'un petit village de Lozère. La mamie du Cantal est donc aussi la mienne » avait-il ajouté. « Je n'avais pas cherché à justifier une éventuelle fracture numérique entre territoire. J'avais simplement voulu dire qu'en matière de téléphonie mobile, je ne crois pas au forfait unique pour 65 millions de Français » avait-il plaidé. La communauté des fans de Free s'était immédiatement emparée du personnage de la « mamie du Cantal », créant un blog humoristique au nom de Georgette, une senior auvergnate pas bien au fait des nouvelles technologies et distillant des informations peu avant le lancement de l'offre mobile du nouvel entrant.