Les Japonais inventent le smartphone détecteur de radioactivité

Par latribune.fr  |   |  528  mots
Une hôtesse présente le premier smartphone équipé d'un détecteur de radioactivité -Copyright AFP
Le troisième opérateur japonais a annoncé ce mardi la commercialisation prochaine d'un téléphone mobile équipé d'un dosimètre pour mesurer la radioactivité. Un geste fort pour son patron qui exige l'abandon du nucléaire depuis l'accident de Fukushima.

En attendant que la zone de l'accident de Fukushima soit complètement décontaminée, les Japonais vont pouvoir continuer à mesurer la radioactivité... avec leurs téléphones mobiles. Le troisième opérateur télécom de l'Archipel, Softbank, va commercialiser prochainement un smartphone intégrant un dosimètre pour évaluer le niveau de radioactivité ambiant. "Il s'agit d'une première mondiale", s'est félicité le fondateur et président du groupe Masayoshi Shon lors d'une conférence de presse organisée pour le lancement du téléphone.

Un patron devenu anti-nucléaire après Fukushima

Engagé dans de multiples actions à l'égard des populations meurtries par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011, le dirigeant est aussi un des rares grands patrons nippons à exiger l'abandon de l'énergie nucléaire à cause des conséquences dramatiques de l'accident de la centrale de Fukushima. "La menace de l'accident nucléaire ne peut pas être perçue par l'oeil humain et continue de représenter une inquiétude pour nombreuses personnes, surtout pour les mères avec des enfants en bas âge", a déclaré Masayoshi Shon. "Avec ce mobile, une pression sur un bouton suffit pour mesurer simplement les radiations en un lieu donné, lesquelles sont exprimées en microsieverts par heure", a t-il expliqué.

Développé par Sharp, il évalue la radioactivité grâce à une puce spéciale

Les mesures horodatées effectuées sont automatiquement classées selon un historique et positionnées sur une carte géographique, grâce à la localisation par satellite (GPS). Ce téléphone, développé par le groupe d'électronique japonais Sharp, évalue la radioactivité (rayons gamma) dans une amplitude de 0,05 microsievert/h à 9,99 microsieverts/h grâce à une puce spéciale, le moyen le moins cher et le moins énergivore pour ce faire. Il sera disponible à partir de mi ou fin juillet, selon l'opérateur.

Le concurrent NTT Docomo encore au stade du prototype

Avant Softbank, son rival et compatriote NTT Docomo avait présenté un accessoire pour mobile lors d'un salon de l'électronique qui se tenait à Tokyo en octobre dernier (voir vidéo en lien). Il s'agissait d'une coque interchangeable, qui, associée à une application spéciale, offrait les mêmes fonctionnalités. Mais il ne s'agit toujours que d'un prototype. Entre-temps, sont toutefois apparues des sondes à raccorder à un modèle iPhone de l'américain Apple ainsi que des petits dosimètres individuels bon marché permettant de conserver les données recueillies sur un serveur pour élaborer des cartes de contamination.

De forts niveaux de radiation relevés à des centaines de kilomètre de la centrale

L'arrivée sur le marché de ce type de produits découle des craintes de large dispersion d'éléments radioactifs dans l'environnement à cause des rejets de la centrale ravagée de Fukushima, d'autant qu'ont été relevés plusieurs lieux isolés très pollués jusqu'à des centaines de kilomètres du complexe atomique, notamment dans la préfecture de Chiba limitrophe de celle de Tokyo. A cet égard, différentes associations plaident pour des systèmes de surveillance de la radioactivité dans les écoles et les lieux publics.