Bras de fer sur le dividende à l'AG de France Télécom

Par Delphine Cuny  |   |  611  mots
Stéphane Richard, le PDG de France Télécom, avec la directrice exécutive d'Oraneg France, Delphine Ernotte.Copyright Reuters
Les syndicats espèrent que l'Etat, premier actionnaire de l'opérateur historique, acceptera de renoncer à une partie de son dividende lors de l'assemblée générale de mardi. La direction et les investisseurs ne semblent pas inquiets.

Faut-il s?attendre à un coup de théâtre à l?assemblée générale des actionnaires de France Télécom, qui se tient mardi à 16 heures au palais des Congrès de Paris ? Deux résolutions différentes sur le montant du dividende y seront soumises au vote, l?une du conseil d?administration, à 1,40 euro par action comme ces deux dernières années, l?autre des syndicats, abaissé à 1 euro. « Ce serait le rebondissement du siècle » ironise un analyste financier qui estime « le niveau de stress de la direction sur le sujet égal à zéro. » L?entourage du comité exécutif admet que celui-ci n?est « pas très inquiet » après s?être renseigné discrètement auprès des représentants de l?Etat, premier actionnaire avec 26,9% du capital : « les intérêts de l?Etat n?ont pas changé et le problème budgétaire reste entier » plaide-t-on au siège.

Le « redressement productif » ou le budget de l?Etat ?
Les syndicats, qui ont obtenu pour la première fois, au nom des actionnaires salariés, l?inscription à l?ordre du jour de cette résolution « dissidente » sur un abaissement du dividende qu?ils réclament depuis plusieurs années, ont l?espoir que le nouveau gouvernement envoie un signal fort lors de cette AG. « L?Etat se trouve face à ses responsabilités. A lui de prouver que le redressement productif n?est pas un vain mot en acceptant une baisse du dividende » prévient Sébastien Crozier, le président de la CFE-CGC Unsa de France Télécom. Lundi, une centaine de militants de la CFDT F3C ont manifesté sur le parvis de Bercy, devant le ministère de l?Economie, « pour interpeller l?Etat sur son rôle et sa responsabilité », en tant qu?actionnaire principal de France Télécom, sur le montant du dividende, mais aussi l?emploi et l?investissement dans la filière, fragilisée suite à l?impact de Free Mobile sur les marges des opérateurs. Chez Sud aussi, le mot d?ordre est « stopper les dividendes » : le syndicat observe que les salariés de France Télécom ont, eux, « perdu en moyenne 1.500 euros cette année par la baisse du montant de la participation et la suppression de l?intéressement exceptionnel. »


Les investisseurs institutionnels ont déjà voté par correspondance
En votant pour un dividende de 1 euro, l?Etat renoncerait à environ 285 millions d?euros et se contenterait de 713 millions, déjà encaissés en grande partie sous forme d?acompte. Un manque à gagner non négligeable en période de disette budgétaire. Mais France Télécom garderait 1 milliard d?euros de trésorerie, qui pourrait être consacré à des investissements dans les réseaux et aurait un effet de levier sur les sous-traitants. La ministre déléguée à l?Economie numérique, Fleur Pellerin, a reçu plusieurs délégations syndicales de France Télécom et aurait bien reçu le message. Mais qui du ministre des Finances, Pierre Moscovici, ou du ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, aura eu le dernier mot pour trancher la position de l?Etat, qui détient en direct 13,4% et 13,5% via le Fonds stratégique d?investissement (FSI) ? Réponse en fin de journée mardi. Dès 14 heures, la plupart des syndicats de France Télécom ont prévu de manifester devant le Palais des Congrès pour sensibiliser les actionnaires sur cette question du dividende. Mais les investisseurs institutionnels ont déjà, pour la plupart, envoyé leurs pouvoirs au groupe et voté, semble-t-il majoritairement en faveur de la résolution de la direction.