Nokia sauvé par ses téléphones bon marché

Par Delphine Cuny  |   |  583  mots
Stephen Elop, le PDG de Nokia. Copyright Reuters
Les ventes de ses smartphones Lumia sous Windows peinent à décoller, quand celles des modèles plus ordinaires maintiennent le groupe finlandais à flot. Le redressement de sa filiale d'équipements Nokia Siemens a été salué par la Bourse.

Ni tous blancs, ni tous noirs, les résultats de Nokia reflètent encore la période de transition que traverse le géant finlandais de la téléphonie mobile. Le désormais numéro deux du secteur, derrière Samsung, a encore annoncé une perte jeudi au titre du troisième trimestre (voir les résultats), légèrement moins forte qu?attendu par les analystes, grâce au redressement de sa filiale d?équipements télécoms, Nokia Siemens Networks, et à la résistance de sa division de téléphones bon marché. Mais les ventes de ses smartphones Lumia sous Windows peinent toujours à décoller. L?action qui gagnait plus de 8% en début d'après-midi a terminé en hausse de 1% seulement.  Elle a perdu 45% de valeur en un an et ne pèse plus que 8,3 milliards d'euros.

Dépassé par HTC, Sony et même BlackBerry dans les smartphones ?
Nokia n?a vendu que 6,3 millions de smartphones au troisième trimestre, des volumes en chute libre de 63% en un an et de 38% par rapport au trimestre précédent. Comparaison cruelle : Apple a vendu 5 millions d?iPhone 5 en un week-end ! Selon Neil Mawston, de Strategy Analytics, en tombant à ce niveau, Nokia s?est sans doute fait dépasser par le pure player taïwanais HTC qui, malgré ses propres difficultés, avait écoulé 9,2 millions de smartphones au deuxième trimestre, ou bien par Sony (ex-Sony Ericsson), recentré sur le les téléphones multifonctions milieu ou haut de gamme sous Android, voire par Research In Motion, le fabricant du BlackBerry? Aux Etats-Unis en particulier, le marché le plus rentable, Nokia n?a jamais vendu aussi peu de téléphones : seulement 300.000 sur le trimestre (-57%). « L?un des grands espoirs de Nokia était le marché américain mais la situation n?a fait qu?empirer en deux ans » relève Francisco Jeronimo du cabinet IDC. Le lancement taridf de modèles de sa gamme phare sous Windows Lumia a joué : Nokia n?a vendu qu?un nombre décevant d?exemplaires de Lumia, 2,9 millions. En comparaison, les modèles Asha tactiles d?entrée de gamme ont mieux performé (6,5 millions).

Performance remarquée de Nokia Siemens
Les ventes de téléphones ordinaires (« feature phones » dans le jargon, multimédia mais pas multifonctions) reculent mais moins violemment (-15%) et génèrent les deux tiers des ventes de mobiles du groupe. Autre point de satisfaction : l?équipementier Nokia Siemens Networks, qui s?est infligé une cure drastique d?amaigrissement, a réalisé « un trimestre remarquable » selon Stephen Elop, le PDG : la filiale a retrouvé la croissance (chiffre d?affaires en hausse de 3% à 3,5 milliards d?euros) et la profitabilité avec une marge opérationnelle de 5,2%, ce qui a impressionné les analystes. Un bol d?air pour Nokia qui continue de brûler rapidement son cash, tombé à 3,5 milliards d?euros. En cinq ans, le Finlandais a vu ses réserves de trésorerie fondre de moitié et sa note chuter en catégorie spéculative (« junk ») : Standard & Poor?s redoute qu?il ait moins de 3 milliards en caisse à la fin de l?année. Or Nokia a prévenu que « le trimestre de Noël sera difficile. » Coincé entre l?iPhone et les Galaxy de Samsung dans le haut de gamme d?un côté et tous les modèles Android bas de gamme, notamment chinois, de l?autre, le chemin du redressement s?annonce semé d?embûches.