Il y a 40 ans, le premier coup de fil...sans fil

Par Adeline Raynal  |   |  566  mots
L'ingénieur Marty Cooper a passé le premier coup de téléphone de l'histoire via un mobile le 3 avril 1973. Ici photographié en 2007. Copyright Rico Shen
Le 3 avril 1973, l'ingénieur Martin Cooper de chez Motorola avait réuni à ses côtés une flopée de journalistes et de passants new-yorkais pour passer le tout premier appel de l'histoire via un téléphone mobile. Aujourd'hui, il y a quasiment autant d'abonnement téléphoniques mobiles ouverts que de terriens !

"Joel, c'est Marty. Je t'appelle depuis un téléphone cellulaire, un véritable téléphone portatif". Voilà ce que ce sont dit les deux premiers hommes à communiquer via un téléphone mobile. C'était il y a juste quarante ans. Son inventeur a eu l'idée de ce premier modèle de téléphone portable en regardant un épisode de Star Trek, avec le capitaine Kirk et son célèbre communicator. Le 3 avril 1973 sur la 56ème rue de New York, devant des journalistes et des passants épatés, l'ingénieur de Motorola Martin Cooper (dit Marty) tenait dans ses mains le premier mobile de l'histoire et narguait son confrère et concurrent de chez Bell Labs, Joel Engel. L'appareil - surnommé la brique - faisait 22 centimètres de long et pesait plus d'un kilo ! Pire, il ne fallait pas moins de 10 heures pour charger sa batterie, si l'on voulait pouvoir téléphoner au maximum... 35 minutes.

Le premier mobile commercialisé il y a 30 ans

Des performances qui prêtent à sourire aujourd'hui mais qui constituaient à l'époque une véritable prouesse technologique. Bien que la technologie soit au point, des questions de règlementation ont repoussé de dix ans la mise sur la marché d'un tel appareil. Le 6 mars 1983, c'était chose faite. Le Dyna TAC 8000x coûtait alors pas moins de 3.500 dollars de l'époque, Motorola visait une clientèle d'entrepreneurs et d'hommes d'affaires.

Quarante ans plus tard, le téléphone mobile est devenue une banalité de la vie quotidienne, et ce notamment grâce à la division de son prix moyen de vente par environ dix. En France, 70,5 millions d'abonnements téléphoniques sont actuellement ouverts d'après l'Arcep, contre 240.000 en 1994. En 30 ans de commercialisation, le réseau est passé de la 1G (avec des normes incompatibles d'une région à une autre, une transmission analogique non sécurisée) à l'actuelle 4G en cours de déploiement par les opérateurs télécoms, qui accélère le débit et ouvre la voie à la démocratisation de la télévision et de l'Internet sur mobile.

L'Asie, principal levier de croissance du marché

Une puissante industrie des télécoms s'est aussi constituée : elle pesait près de 950 milliards d'euros en 2012. Et ce n'est pas fini. L'Union internationale des télécommunications prévoit qu'il y aura 6,8 milliards d'abonnements mobiles dans le monde d'ici à la fin de l'année, soit bientôt l'équivalent du nombre de terriens ! Un chiffre rendu possible car le taux de pénétration (c'est-à-dire le rapport entre le nombre d'abonnements mobiles et la population d'un territoire) dépasse les 126% en Europe. L'Afrique, avec un taux de 63% est le continent le moins équipé, ce qui n'empêche pas d'y rencontrer des populations qui n'ont ni l'eau courante ni l'électricité mais disposent d'un téléphone mobile. Le continent asiatique, avec 89% de la population équipée, représente aujourd'hui plus de la moitié des abonnements au mobile, et reste le principal moteur de croissance du marché.

Ces petits appareils de communication n'ont pas fini d'évoluer. "D'autres changements sont attendus. Les débuts de la téléphonie mobile étaient conscentrés sur la voix, alors qu'aujourd'hui il est beaucoup plus sur les données" considère Mike Short, un expert de l'Institution of Engineering and Technology, cité par le Guardian.