Stéphane Richard maintenu (sans surprise) PDG d'Orange

Par Delphine Cuny  |   |  593  mots
Le PDG d'Orange, Stéphane Richard. Copyright Reuters
Sans surprise après les propos de François Hollande dimanche, le conseil d'administration extraordinaire réuni ce lundi après-midi a confirmé le dirigeant, mis en examen pour « escroquerie en bande organisée » dans l'affaire Tapie, dans ses fonctions à la tête de l'opérateur télécoms. Mais pas à l'unanimité, le syndicat Sud ayant voté contre.

L?issue était prévisible après les propos du Président de la République dimanche soir sur l?avenir de Stéphane Richard à la tête d?Orange. Le PDG de l?opérateur télécoms, dont l?Etat détient 27% du capital, a bien été maintenu dans ses fonctions, malgré sa mise en examen la semaine passée pour « escroquerie en bande organisée » dans l?affaire de l?arbitrage de Bercy en faveur de Bernard Tapie, lorsque Stéphane Richard était directeur de cabinet de la ministre de l?Economie Christine Lagarde. Le conseil d'administration du groupe France Télécom, qui sera rebaptisé Orange le 1er juillet, « a décidé de renouveler sa pleine confiance à Stéphane Richard pour continuer à relever, avec la même énergie, les nombreux défis d'Orange, dans l'intérêt de l'entreprise, de ses salariés, de ses clients et de ses actionnaires » indique le communiqué. Mais pas à l'unanimité : la représentante de Sud a voté contre, comme le syndicat l'avait laissé entendre la semaine dernière en refusant toute « union sacrée », celle de la CGT s'est abstenue. Dans un communiqué, la fédération de la CGT du secteur poste et télécoms (CGT FAPT) avait affirmé la semaine dernière qu?elle « ne soutenait pas la stratégie de la direction de France Télécom » et entendait « la combattre. »  

Une mission confiée à un administrateur indépendant
Le conseil d?administration « a écouté Stéphane Richard sur la situation le concernant dans l?affaire CDR-Tapie, puis la Présidente du Comité de Gouvernance sur les éventuelles conséquences pour la gouvernance de l?entreprise » et a estimé « que les mesures judiciaires affectant Stéphane Richard ne remettent pas en cause la capacité du Président-Directeur Général à assumer pleinement et efficacement la direction d?Orange, et continuera à s?en assurer à l?avenir. Il a confié à Bernard Dufau, administrateur indépendant, une mission à cette fin. » Bernard Dufau, 71 ans, est l?ancien PDG d?IBM France, il siège également au conseil de Dassault Systèmes: il aura donc la lourde responsabilité de s'assurer que les rebondissements de l'affaire ne polluent pas l'activité du patron. Dimanche, François Hollande avait déclaré « je ne veux rien faire qui déstabilise cette entreprise. Tant qu'il peut être dirigeant sans que la procédure judiciaire l'entrave, il le restera. » L?Etat dispose de trois sièges au conseil d?administrateurs (deux pour l?APE et un pour le FSI) sur 15 membres dont Stéphane Richard.

Le sanctionner aurait été « une erreur » pour la CFDT
La CFDT, dont l?un des représentants siège au conseil et avait insisté sur la présomption d?innocence, a aussitôt réagi : « cela aurait été une erreur de la part du conseil de le « sanctionner » alors qu?il a apaisé le climat social par une politique volontariste de dialogue contractualisée par de nombreux accords », soulignant que « c'est en 2014 que le mandat de Stéphane Richard arrivera à échéance : ce sera le moment de faire un vrai bilan social et économique de son action. » Le syndicat appelle à « se remettre au travail. » De son côté, la CFE-CGC-UNSA, qui redoutait « une déstabilisation majeure » de l?entreprise, s?est « félicitée » du maintien de Stéphane Richard : « en cette période difficile, il était nécessaire de placer l?intérêt de l?entreprise au-dessus de l?exploitation politicienne d?affaires judicaires dans lesquelles notre entreprise n?est pas concernée. »