"Bouygues-SFR serait un excellent lièvre pour nous" (Stéphane Richard, PDG de Orange)

Par latribune.fr  |   |  506  mots
L'accord Numéricable-SFR, en revanche, "ne règle pas le problème du mobile en France", estime Stéphane Richard
Le PDG d'Orange favorable au rachat de SFR par Bouygues, plutôt que Numéricable? Stéphane Richard estime en tout cas qu'un retour à trois acteurs sur le marché des télécoms permettrait à son entreprise de disposer d'un "excellent lièvre", et d'un surplus de motivation.

Dans une interview à La Tribune début mars, Stéphane Richard expliquait que la fusion de Bouygues et SFR ne serait "pas un drame" pour l'entreprise qu'il dirige, Orange.

Suspense relancé

Le suspense sur le rachat de SFR est relancé, après la surenchère lancée par Bouygues avec l'appui de la CDC, bras financier de l'Etat, pour revenir dans l'arène et tenter de souffler la filiale télécoms de Vivendi au nez et à la barbe de Numericable.

Le groupe de Martin Bouygues propose désormais 13,15 milliards d'euros en cash - contre 11,75 milliards d'euros du côté d'Altice - et estime ainsi "apporter une réponse" aux attentes du conseil de surveillance de Vivendi qui avait retoqué son offre initiale.

Les "trois problèmes" de l'offre Numéricable

Dans une interview aux Echos lundi 24 mars, le PDG d'Orange ne prend pas parti pour l'offre de son rival Bouygues. Mais il pointe "trois problèmes" que poserait l'opération Numéricable-SFR.

Premièrement :

Alors que la base clients du nouvel ensemble sera sensiblement équivalente à la nôtre dans le haut débit, il ne semble pas normal d'avoir un câble qui ne serait soumis à aucune régulation tandis que le cuivre et la fibre sont totalement régulés. Nous poserons donc la question de l'accès régulé à la boucle locale du câble au régulateur. C'est un sujet d'actualité partout en Europe et la Belgique a d'ores et déjà décidé la régulation du câble à l'instar du cuivre.

Deuxièmement :

Cette opération pose la question de l'accès aux contenus et la télévision payante. Vivendi sera dans un premier temps le principal actionnaire du groupe avec une participation de 32%. J'espère que l'Autorité de la concurrence sera aussi stricte qu'elle l'a été avec nous quand nous avions nos chaînes Orange Cinéma Series et Orange Sport.

Troisièmement :

Enfin, cette opération pose le problème des investissements de SFR dans la fibre, notamment dans les régions où le câble est déjà installé.

"Problème du mobile en France"

Estimant par ailleurs que l'accord Numéricable-SFR "ne règle pas le problème du mobile en France et ne permet pas au secteur de trouver un nouvel équilibre", Stéphane Richard a, a contrario, souligné combien l'offre concurrente serait, elle, profitable :

On ne peut pas à la fois clamer que la consolidation du secteur est nécessaire en Europe et, dès qu'elle intervient en France, dire qu'on n'en veut pas. On a besoin de concurrents forts pour qu'ils puissent réaliser à nos côtés les investissements qui s'imposent dans les nouveaux réseaux.

D'autant que le nouvel ensemble Bouygues-SFR passerait devant Orange "en part de marché". De quoi donner à l'ex-France Télécom un surcroît de motivation, explique Stéphane Richard :

Ce serait un excellent lièvre pour nous. D'autant que la fusion serait longue et difficile. Pendant cette période, Orange sera le point stable du marché.