5G : conspué par les Occidentaux, Huawei promet de devenir numéro un mondial

Par latribune.fr  |   |  780  mots
Malgré de bons résultats économiques, le groupe chinois Huawei a traversé une année 2018 délicate. (Crédits : Morris MacMatzen)
Le géant chinois des télécoms Huawei, qui fait face à une vague de rejet massif de ses équipements 5G en Occident, a promis, ce jeudi 27 décembre, de devenir "le numéro un mondial", galvanisé par "les revers" et autres "traitements incroyablement injustes" dont il estime être victime. Le groupe a annoncé une hausse de 21% de son chiffre d'affaires en 2018, soit l'équivalent de 108,5 milliards de dollars (95,2 milliards d'euros).

Philosophie et résilience. Malgré les déboires essuyés par son entreprise cette année, Guo Ping, l'un des trois responsables assurant la présidence tournante de Huawei, a tenu, dans un message de nouvel an transmis à l'AFP ce jeudi 27 décembre, à relativiser la situation délicate dans laquelle se trouve actuellement le groupe chinois en convoquant l'orateur romain Cicéron : "plus grande est la difficulté, plus grande est la gloire".

"Nous ne devons pas être découragés par des incidents d'origine malveillante ou des revers temporaires et nous devons rester déterminés à atteindre le sommet (au niveau) mondial. Les revers ne nous rendront que plus courageux et un traitement incroyablement injuste nous poussera à devenir numéro un mondial", a notamment écrit M. Guo.

Il a affirmé dans son message s'attendre à une hausse de 21% du chiffre d'affaires de Huawei en 2018, soit l'équivalent de 108,5 milliards de dollars (95,2 milliards d'euros), ajoutant que le groupe avait signé 26 contrats pour sa technologie 5G en dépit de ce qu'il a qualifié de "traitements incroyablement injustes".

Huawei mis au ban de la 5G mondiale

Le constructeur chinois, premier fournisseur mondial d'équipements de réseaux de télécommunications et le deuxième fabricant de smartphones, a en effet connu une année 2018 mouvementée. Le groupe est montré du doigt par des responsables occidentaux en raison de ses liens supposés avec les services de renseignement chinois. L'entreprise tout comme le gouvernement chinois démentent pourtant toute forme de coopération à des fins d'espionnage. Insuffisant aux yeux des États-Unis inquiets de l'avance prise par l'Empire du Milieu dans le secteur des technologies. Le pays dirigé par Donald Trump a donc tenté de dissuader ses alliés d'utiliser les équipements du groupe pour des raisons de sécurité. Avec succès : plusieurs pays (Japon, France, Australie, Nouvelle-Zélande...) lui ont fermé leurs réseaux 5G jugés trop stratégiques.

De son côté, Donald Trump envisage d'ailleurs de prendre un décret interdisant aux entreprises américaines d'utiliser des équipements de télécommunications fabriqués par les groupes chinois Huawei et ZTE, ont rapporté à Reuters trois sources au fait du dossier. Un tel décret présidentiel, qui pourrait être signé dès janvier, aboutirait à exclure du marché américain les deux entreprises chinoises car leurs équipements sont susceptibles d'être utilisés à des fins de cyberespionnage, aux yeux du gouvernement américain.

Des doutes sur la probité du géant chinois ont également été exprimés en Allemagne ainsi qu'au Royaume-Uni où le groupe BT a annoncé qu'il allait se défaire d'équipements Huawei en téléphonie mobile. Au Royaume-Uni, notamment, le ministre de la Défense britannique Gavin Williamson a exprimé sa très "vive inquiétude" quant à la participation du géant chinois au déploiement de la technologie 5G dans son pays, a rapporté ce jeudi la presse britannique.

"J'ai de graves et très vives inquiétudes au sujet de la fourniture par Huawei du réseau 5G en Grande-Bretagne. C'est quelque chose qu'il faudrait examiner de très près", a déclaré, à l'occasion d'une visite en Ukraine, le ministre, cité par le quotidien The Times.

"Nous devons reconnaître le fait (...) que l'État chinois agit parfois de manière malveillante", a souligné Gavin Williamson.

Arrestation de la numéro 2 du groupe

L'agence pour la sécurité de l'information et la cybersécurité de la République tchèque a aussi récemment estimé que les logiciels et le matériel de Huawei constituaient une menace pour sa sécurité nationale. Une affaire judiciaire s'est en outre ajoutée à ces déboires commerciaux : la justice américaine a obtenu l'arrestation au Canada de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, depuis libérée sous caution, dont elle réclame l'extradition. Cette affaire a déclenché une crise diplomatique entre Pékin et Ottawa.

Si le communiqué de M. Guo ne mentionne pas Meng Wanzhou, il répond en revanche explicitement aux accusations sur le plan sécuritaire: "Huawei n'a jamais été et ne sera jamais une menace pour la sécurité". "Pour résoudre les problèmes que nous rencontrons dans les pays occidentaux, nous devons aussi comprendre les différents systèmes de valeur autour du monde et avoir une optique plus mondiale", concède M. Guo. Mais faisant valoir l'avance de son entreprise dans certains secteurs, il souligne aussi qu'à ses yeux "les marchés 5G qui choisiraient de ne pas travailler avec Huawei seraient comme un match de NBA sans joueurs stars: le match aurait lieu mais sans habileté, flair, ni expérience".

(Avec agences)