Pourquoi le crédit entre particuliers connait une forte croissance ?

Par Odile Esposito  |   |  504  mots
Dès 2012, Prêt d'Union avait déjà octroyé 11 millions d'euros de prêts, et en 2013, ce montant a été quadruplé
Charles Egly n'en revient pas du succès rencontré par Prêt d'Union, la plate-forme de crédit entre particuliers qu'il a ouverte en octobre 2011 avec un camarade d'HEC, Geoffroy Guigou.

Dès 2012, Prêt d'Union avait déjà octroyé 11 millions d'euros de prêts, et en 2013, ce montant a été quadruplé ! L'idée de cette création date de 2008.

"Je devais payer mes impôts, et, comme je ne voulais pas débloquer mon épargne qui était entièrement investie dans des produits financiers, j'ai demandé un crédit à ma banque, raconte Charles Egly. Je me suis retrouvé avec un crédit revolving à 14 % ! Je me suis dit alors que j'aimerais bien être celui qui prête à 14 % et qu'il y avait sûrement un moyen d'emprunter moins cher... Je me suis aperçu qu'il commençait à apparaître dans d'autres pays des activités de prêts entre particuliers. Notamment aux États-Unis, avec Lending Club".

En septembre 2009, Charles Egly et Geoffroy Guigou abandonnent leurs emplois respectifs, chez BNP Paribas et Poweo, pour travailler au projet. Mais, en France, on ne s'improvise pas établissement de crédit sans autorisation. 

"Il nous a fallu deux ans pour obtenir l'agrément de l'ACP, l'Autorité de contrôle prudentiel", explique le dirigeant.

« La croissance de ce business, c'est de la folie ! »

Très vite, avant même ce feu vert, les deux fondateurs arrivent à convaincre Xavier Niel, puis Crédit Mutuel Arkea, d'investir dans leur start-up. Suivront ensuite le groupe norvégien Schibsted (propriétaire du site leboncoin), AG2R La Mondiale et Weber Investissements, ainsi que divers business angels. "

Nous avons déjà levé 18 millions d'euros de fonds propres", se réjouit Charles Egly.

Fort de ce feu vert de l'ACP et de cet actionnariat solide, le site va connaître un démarrage très rapide. Les raisons de ce succès ?

"Notre offre est extrêmement simple et transparente, répond Charles Egly. Nous ne proposons qu'un seul produit : des crédits amortissables. Les emprunteurs peuvent solliciter des crédits de 3.000 à 30.000 euros, avec des maturités allant de 2 à 5 ans. Les taux sont inférieurs de 1 à 1,5% à la moyenne du marché. Les prêteurs, eux, ont le choix entre deux fonds, l'un dédié aux crédits à maturité courte (2 ou 3 ans), l'autre dédié aux crédits sur 4 ou 5 ans".

Une plate-forme née en 2008 et qui a dépassé les 2 milliards de dollars de prêts en 2013...

Les rendements qu'ils peuvent espérer sont respectivement de 4% et 4,7% après impact des défauts des crédits. 

Outre ces rendements intéressants, "les prêteurs ont le sentiment de financer l'économie réelle française", analyse le dirigeant. 

La sécurité, bien évidemment, est un élément crucial de ce business.

"Nous demandons aux emprunteurs davantage de justificatifs que les organismes de crédit traditionnels, prévient Charles Egly. Et nous avons embauché des experts spécialisés dans la lutte contre la fraude".

La jeune PME, qui emploie déjà 45 personnes, compte recruter 15 à 20 salariés supplémentaires cette année. "

Notre objectif 2014 est d'arriver à 90 ou 100 millions d'euros de production de crédits", indique Charles Egly.

Un doublement par rapport à 2013 qui semble à la portée de l'entreprise.