Immobilier : le futur logiciel d'évaluation de Bercy déprime les professionnels

Par Mathias Thépot  |   |  470  mots
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Les professionnels de l’immobilier s'estiment méprisés par Bercy, qui vient d'annoncer la création d’un logiciel permettant aux usagers d’évaluer leur patrimoine,

A partir quatrième trimestre 2013, il sera possible pour les ménages d'évaluer leur patrimoine immobilier sur le site internet du ministère de l'Économie. Concrètement, l'opération baptisée "Patrim usagers" permettra à des contribuables, après s'être identifiés, de consulter gratuitement le prix de leur bien en fonction de la surface, de l'adresse, de l'étage, de l'année de construction, de la présence ou non d'un ascenseur. La finalité de ce service est -au sens du ministère- de clarifier en temps réel la valeur d'un bien immobilier, ce qui servira notamment aux particuliers assujettis à l'impôt sur la fortune (ISF) au moment de leur déclaration. Mais aussi précis soit-il, ce logiciel ne reçoit pas un accueil des plus chaleureux, notamment de la part des professionnels de l'immobilier, qui se sont même indignés de son lancement.

"Le logiciel de la méprise"

Jean- François Buet, président de la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim), qui regroupe 12.000 agences en France, parle de "logiciel de la méprise". Il estime en fait que les services du ministère de l'Économie ont complètement négligé l'expertise des professionnels qu'il représente. "L'initiative est dangereuse, fondée sur une erreur intellectuelle profonde", assure-t-il. "La direction générale des finances publiques semble ignorer la complexité attachée au logement. (...) Imaginer qu'un appartement puisse être en quelque sorte modélisé pour être évalué relève d'une vision de l'esprit", s'exaspère-t-il. S'il n'est pour lui pas "question de nier la richesse de cette banque de données", il soutient que "le logiciel qui lui est attaché est incapable de pondérer les critères ni même d'apprécier leur pertinence pour un logement donné, encore moins de les mettre en équation".

Les agents immobiliers demandent de la reconnaissance

Plus tempérée, la Chambre des propriétaires tire néanmoins dans le même sens que la Fnaim. Son président Denys Brunel estime qu'en immobilier, l'évaluation un bien est "particulièrement complexe du fait qu'il n'y a pas deux biens rigoureusement identiques. [Elle] se révèle même très aléatoire pour les marchés peu animés et les biens atypiques", explique-t-il. Il lance un appel du pied au ministère en glissant que "la Chambre des propriétaires a la capacité de réaliser des expertises très précises".
Davantage véhément, Jean-François Buet demande lui de la reconnaissance pour le métier d'agent immobilier. "Le moment est venu pour le ministère de l'Économie de travailler avec les experts immobiliers et de préconiser aux contribuables de s'en remettre à eux. (...) Cela permettra peut-être d'obtenir la reconnaissance du métier d'expert immobilier", prêche-t-il.