Logement à Paris : les candidats ne pensent pas assez "métropole"

Par latribune.fr  |   |  505  mots
Anne Hidalgo a engagé les hostilités en promettant de "produire 10.000 logements par an". (Crédits : Reuters)
Les propositions des candidats à la mairie de Paris en matière de logement ne tiennent pas assez compte du Grand Paris, selon des experts en urbanisme.

A Paris, le logement s'est imposé comme le thème central de la campagne électorale pour les municipales de mars 2014. Les prix de l'immobilier dans la capitale ont, il faut dire, plus que doublé en 10 ans, et s'y loger est devenu quasiment mission impossible : seulement un ménage sur trois (moins d'un ménage sur cinq pour les 25-45 ans) est en capacité d'acheter un bien immobilier correspondant à ses besoins, selon une étude menée par l'université Paris Dauphine et le Crédit Foncier.

Le logement, cheval de bataille des candidats à la mairie de Paris

Face à ce casse-tête, les principaux candidats aux municipales ont fait du logement leur cheval de bataille. Au PS, Anne Hidalgo a engagé les hostilités en promettant de "produire 10.000 logements par an", dont un tiers de nouvelles constructions, et deux tiers de réaménagements (de casernes par exemple) et la transformation de bureaux.

A droite, on concentre la campagne sur les classes moyennes, que la municipalité sortante aurait "fait fuir" de Paris. L'UMP reproche à l'équipe Delanoë d'avoir mené une politique de préemption en achetant très cher des logements "qui ont échappé aux Parisiens" en définitive. "Il faut réinvestir dans le logement intermédiaire", martèle Nathalie Kosciusko-Morizet, qui souhaite aussi "une part d'accession à la propriété" dans tous les nouveaux projets. Marielle de Sarnez (MoDem) prône pour sa part de couvrir les voies ferrées et les parties enterrées du périphérique pour y construire des logements.

Les propositions ne vont pas au-delà du périphérique

Reste que ces propositions formulées par les différents partis politiques ne sont pas assez pensées à l'échelle de la métropole regrettent certains experts. "C'est dommage que le débat se concentre sur Paris intra-muros", déplore à l'AFP Stéphanie Vermeersch, chargée de recherche en urbanisme au CNRS.
Ville très dense, la capitale souffre d'un manque de terrains disponibles. "Les possibilités de construction en dur dans Paris sont très limitées ", souligne également à l'AFP Yankel Fijalkow, professeur des universités en urbanisme, habitat et développement social durable. Pour que la pression sur les prix diminue, il est donc nécessaire de penser l'offre de logements bien au-delà du périphérique.

"Si l'on raisonne à l'échelle de Paris Métropole, on trouvera des terrains pour construire", assure M. Fijalkow. Une démarche qui impliquerait de repenser le modèle actuel et de travailler en étroite collaboration avec les communes voisines, mais aussi la RATP.

Créer d'autres zones attractives

Au final, il semble nécessaire de créer d'autres zones d'attractivité autour de la capitale. "Au lieu de se demander comment loger tout le monde dans Paris, il faudrait réfléchir à comment faire pour que l'hyper-centre ne soit plus la seule zone attractive" grâce à ses équipements culturels, scolaires ou de transports, estime Stéphanie Vermeersch. Histoire d'anticiper la création de la métropole du Grand Paris prévue pour le 1er janvier 2016.