Immobilier  : le désespoir des Londoniens face à la hausse des prix

Par latribune.fr  |   |  716  mots
Les prix de l'immobilier ont bondi de plus de 76% dans le Grand Londres depuis 2009. (Photo: vue de la City et de ses nombreux chantiers immobiliers, le 13 février 2016)
La folle hausse des prix de l'immobilier à Londres exclut mécaniquement une grande part des Londoniens de l'accès au logement dans le centre-ville.

Manifestations, étudiants en grève des loyers, la colère gronde chez les Londoniens, exaspérés par la hausse sans fin des prix du logement. Elle pousse les locataires vers des biens toujours plus petits pour espérer boucler leurs budgets. Avec une population de 8,6 millions d'habitants, Londres est une ville internationale qui accueille chaque année quatre fois plus de nouveaux résidents (environ 100.000) qu'elle ne fait construire de logements. "C'est bien simple, la situation est en train de devenir intenable", déplore John Ford, 60 ans. Ce professeur à la retraite s'est joint à une manifestation qui a rassemblé récemment 2.000 personnes contre un projet de loi modifiant la répartition des logements sociaux et les droits de leurs locataires.

La crise touche les classes moyennes

"Mon neveu est un jeune chirurgien. Il n'a pas de quoi s'acheter une maison à Londres. Ça montre à quel point la crise touche les classes moyennes", déplore John Ford. De fait, en décembre dernier, le prix moyen d'un bien immobilier dans la capitale britannique était de 514.097 livres (678.500 euros), soit 12% de plus que l'année précédente. Les prix avaient déjà bondi de 18% en 2014 par rapport à 2013. Et si l'on prend le périmètre du Grand Londres, les prix de l'immobilier ont crû de 76,2 % depuis leur point bas atteint courant 2009. Conséquence : nombre de jeunes Londoniens ont dû abandonner leurs rêves d'acheter, et doivent se tourner vers la location. Mais, là aussi, c'est la crise, car les loyers n'en finissent pas de flamber. Directement concernés, plus de 150 étudiants de l'University College London ont ainsi lancé une grève des loyers pour protester contre le prix de leurs chambres (jusqu'à 262 livres par semaine, soit 335 euros).

Des logements conçus uniquement pour la spéculation

Par ailleurs, lors d'une manifestation devant la résidence du Premier ministre conservateur, David Cameron, des étudiants ont symboliquement brandi une échelle seulement pourvue de ses derniers barreaux, une manière de dénoncer la défaillance de l'ascenseur social. "Je ne vois pas comment je pourrais m'acheter un logement, en tous cas certainement pas à Londres", dit Liam Shaw, 24 ans, l'un des étudiants à l'origine de l'initiative. Etranglés par l'envolée des prix, "les gens aux revenus les plus modestes se retrouvent en périphérie", explique à l'AFP une responsable des Verts britanniques, Natalie Bennett, plaidant pour la construction de "logements qui soient véritablement abordables". "Le vrai problème", dit-t-elle, "ce sont les logements conçus uniquement pour (la spéculation)", et laissés inoccupés le temps qu'ils prennent de la valeur.

Un 7 mètre carré vendu 100.000 euros

Face à la crise, d'aucuns tentent de trouver des solutions originales. Rupert Hunt, fondateur du site SpareRoom.com, a proposé de partager sa propre maison en laissant les internautes fixer le montant du loyer, en fonction de leurs revenus. "La demande a augmenté de manière considérable. En ce moment, il n'est pas rare de voir dix, douze personnes pour chaque chambre dans certaines parties de Londres", explique-t-il à l'AFP.

Ainsi, la presse britannique se fait régulièrement l'écho de scandales immobiliers, avec nombre d'articles sur des locataires à qui l'on propose des chambres-placards sous l'escalier, un lit dans un coin du salon, ou encore des maisons minuscules pour des sommes inversement proportionnelles. Un "appartement" de 7 m2 présenté comme "le moins cher" de Londres a ainsi été vendu 79.000 livres (100.000 euros) à Clapton, quartier populaire de l'est de la ville.

Un sujet important pour les élections municipales du 5 mai

Le logement sera, avec les transports, l'une des principales thématiques de la campagne pour l'élection du maire de Londres, le 5 mai. Fin janvier, les candidats à la succession du conservateur Boris Johnson ont présenté leurs propositions lors d'un débat à la London School of Economics (LSE). "Je m'engage à ce que les nouveaux logements construits sur des terrains publics contrôlés par la mairie puissent revenir aux Londoniens", a déclaré le candidat conservateur, Zac Goldsmith. Son adversaire travailliste, Sadiq Khan, a plaidé pour "davantage de maisons abordables", tout en dénonçant le "scandale des promoteurs immobiliers qui vendent des logements londoniens à des investisseurs au Moyen-Orient, en Asie". Il n'y a pas de temps à perdre : le prix moyen des logements a encore grimpé de 10.682 livres (13.650 euros) rien qu'en décembre.

(Avec AFP)