Pour partir en retraite, "il faudra travailler plus longtemps"

Par latribune.fr (avec Reuters)  |   |  845  mots
Le ministre du Travail Xavier Darcos a livré ses réflexions sur le projet de réforme des retraites dimanche au "Grand Jury" RTL/Le Figaro/LCI. Invité de l'émission La Tribune-BFM, Claude Guéant a fait de même.

Le ministre du Travail Xavier Darcos a estimé dimanche au "Grand Jury" RTL/Le Figaro/LCI à propos de la réforme des retraites : "il faudra tout simplement que nous travaillions plus longtemps. L'âge de 60 ans c'est une sorte de curseur qui fait que ça encourage à partir et que finalement nous avons un emploi des seniors qui est bien moins bon au total que (dans) les pays comparables", a-t-il expliqué. "Eh bien sans aucun doute, oui, il faudra toucher à ce curseur-là."

Quant à la durée d'allongement du temps de travail, "c'est ce qu'il faut discuter" a-t-il lancé, refusant de trancher avant que le débat n'ait eu lieu.

Il a en revanche exclu toute augmentation des cotisations sociales et patronales :  "notre avis est que nous taxons déjà beaucoup et ce n'est pas par là qu'il faut passer. Personne ne pense qu'il faille aujourd'hui augmenter le côut du travail en France".

Le ministre se déclare surtout en faveur d'un rééquilibrage des cotisations sociales en faveur des retraites plutôt que pour une augmentation des cotisations retraites."Il faut évidemment sauver le système par répartition, c'est la clef de tout, ça ne se discute pas", a déclaré le ministre, mais pas en augmentant le coût du travail.  "Le Premier ministre, que je sache, n'a pas dit qu'il fallait augmenter le coût du travail en France. Il a simplement esquissé la possibilité (...) d'équilibrer différemment la part de ces cotisations qui vont (...) sur le chômage, et la part qui va sur les retraites", a-t-il expliqué.

Il a estimé que ce rééquilibrage serait facilité par une amélioration de l'emploi et une réduction du nombre de chômeurs. Il a fait valoir qu'il y avait aujourd'hui en France 1,8 cotisant pour un retraité et que ce ratio se réduirait à 1,5 dans cinq ans et à 1,2 dans 20 ans. "Aux alentours de 2050, si nous ne faisons rien, le déficit annuel des régimes de retraite sera de 100 milliards (d'euros) par an", soit "une fois et demi ce que rapporte la totalité de l'impôt sur le revenu", a souligné Xavier Darcos.

Il a écarté une taxation des profits, des bonus et des stock-options, proposée par la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry - "Mon avis est que nous taxons déjà beaucoup et que ce n'est pas par là qu'il faut passer."

"AUCUNE IDÉE N'EST TABOUE"

Il s'est également prononcé en faveur d'une "plus grande convergence" entre le régime de retraites du secteur privé et celui de la fonction publique. "Aucune idée n'est taboue", a-t-il assuré à ce propos. Il a enfin confirmé que l'objectif était de régler le problème de la réforme des retraites cette année, ainsi que l'a annoncé le président Nicolas Sarkozy.

Invité également dimanche de l'émission La Tribune-BFM, Claude Guéant, a pour sa part déclaré que "toutes les solutions seront sur la table" lors des discussions avec les partenaires sociaux et les forces politiques. Il a cependant paru écarter l'idée d'une refonte complète du système pour le remplacer par des retraites à points ou des comptes notionnels, à la suédoise. "On n'est pas très enthousiaste parce qu'on vient de constater que si le gouvernement suédois n'était pas intervenu, les retraites baissaient en 2009 de plusieurs points", a dit ce proche du président Nicolas Sarkozy. "Il y a un risque que je ne suis pas sûr que les Français sont prêts à accepter."

L'augmentation des prélèvements sera sur la table mais là le risque est que ce soit un "handicap compétitif" pour l'économie française, a poursuivi Claude Guéant, qui a par ailleurs exclu une baisse des pensions.

Reste la quatrième solution, "travailler davantage", ce qui peut se traduire par une modification de l'âge légal du départ à la retraite ou le calcul des pensions en fonction du temps travaillé, a-t-il ajouté.

MARTINE AUBRY NE PARTIRA PAS A 60 ANS

A noter que Martine Aubry, la première secrétaire du parti socialiste (PS), invitée, elle, dimanche de l'émission "C politique" sur France-5, et qui aura 60 ans en août, n'entend pas s'appliquer à elle-même le principe d'un âge légal de départ en retraite à 60 ans que finalement elle défend (après avoir stupéfait en évoquant, au nom du réalisme, la nécessité de bouger sur ce point, suscitant une vive polémique au sein du PS). "L'âge légal à 60 ans, ça ne veut pas dire qu'on est obligé de partir à 60 ans. Ça veut dire que, si on veut, on peut", a-t-elle souligné.

Elle a indiqué que, de toute façon, elle devrait encore attendre quelques années de plus pour pouvoir bénéficier d'une retraite à taux plein. "Il faut que j'attende 64 ans". En 2012, date de l'élection présidentielle, elle aura 62 ans... et 67 ans en 2017 à la fin du prochain mandat présidentiel.. quel qu'en soit le bénéficiaire.