Retraites complémentaires : quelle sera la pension d'un salarié partant en 2018 ?

Par Agnès Laurent  |   |  571  mots
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En décalant de deux ans l'âge légal de départ, la réforme du régime général limite la baisse des futures pensions versées par les complémentaires. Mais ne suffit pas à redresser les comptes.

Ce devait être un des effets secondaires de la réforme du régime général de retraite. En décalant de 60 à 62 ans l'âge légal de départ et de 65 à 67 ans l'âge du taux plein, la nouvelle législation améliorerait les comptes de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav), mais aussi ceux des régimes de retraites complémentaires gérés par les partenaires sociaux. Au vu des premières estimations dévoilées mardi, l'impact sur l'Agirc (cadres) et l'Arrco (ensemble des salariés) devrait, cependant, être plus contrasté que ce qu'avait avancé l'exécutif.

Deux phénomènes peuvent être portés au crédit de la réforme de 2010. Tout d'abord, une moindre baisse du montant moyen des pensions. Ainsi, la somme due par l'Arrco aux nouveaux retraités serait passée de 3.873 euros par an en 2010 à 3.846 euros en 2018 sans réforme alors qu'elle devrait s'établir, en vertu des nouvelles règles, à 4.033 euros en 2018. Pour les cadres, l'effet est plus important encore. De 7.563 euros en 2010, la pension devrait être portée à 7.980 euros en 2018, au lieu de 7.609 euros en l'absence de réforme (voir illustration).

Autre impact, une atténuation de la dégradation des comptes de l'Agirc et de l'Arrco, du simple fait du paiement deux ans plus tard des pensions. Selon les projections réalisées sur la base d'un taux de chômage à 7 % et d'une hausse de la productivité de 1,5 % par an, les deux régimes devraient afficher un excédent de 1 milliard d'euros en 2018, alors que le déficit aurait pu être de 5 milliards d'euros en 2018 si l'âge légal de départ était resté fixé à 60 ans.

Reste que cet effet positif ne sera que de courte durée. Dès 2020, l'excédent sera ramené à 528 millions d'euros. Et les comptes seront fortement dans le rouge en 2030 avec un déficit de 3,3 milliards d'euros.

Avantages familiaux : une réforme est-elle possible ?

Pour redresser les comptes des régimes de retraite complémentaire, les représentants syndicaux et patronaux ont peu de leviers à leur disposition. Dans ce contexte, nul doute que les 1,7 milliard d'euros consacrés, en 2009, par l'Agirc et l'Arrco aux « avantages familiaux » feront saliver plus d'un négociateur, notamment dans la partie patronale. Actuellement, les retraités ayant élevé au moins trois enfants bénéficient d'une majoration de 5 % pour la retraite complémentaire perçue par tous les salariés du privé (Arrco). Et, pour les cadres, d'un bonus progressif de 8 % jusqu'à 24 % versé par l'Agirc.

À la lecture des documents transmis aux partenaires sociaux mardi, une révision des règles de ces avantages familiaux serait lourde de conséquences, même en l'absence d'effet rétroactif. Car, même si la baisse de la natalité tend à réduire la part des retraités éligibles à ces avantages, près de 2,7 millions d'entre eux percevaient, en 2009, une majoration de pension au titre de l'Arrco. Pour un montant moyen annuel de 177 euros brut. L'avantage est plus net pour les cadres avec 600.000 bénéficiaires pour un montant moyen de 1.282 euros.

Le document souligne, d'ailleurs, le caractère inéquitable du système qui bénéficie peu aux mères de familles nombreuses, qui ont pourtant les carrières les plus hachées, et beaucoup aux cadres hommes. Une critique qui ouvre la porte à une réforme portant, à budget constant, sur les règles d'octroi de ces avantages familiaux.