Salaire des patrons : l'Europe pourrait rattraper les Etats-Unis

Par Marina Torre  |   |  541  mots
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Contrairement à une idée reçue, les dirigeants d'entreprises américaines ne seraient pas beaucoup mieux rémunérés que leurs collègues européens. C'est du moins ce qu'indique une étude menée par des universitaires d'une école suisse qui s'appuient sur des données datant d'avant la crise.

Aux Etats-Unis, les dirigeants d'entreprises ne cherchent pas à cacher qu'ils gagnent bien leur vie. Mais ils seront sans doute surpris de découvrir que contrairement à une idée reçue, ils ne sont pas champions du monde en la matière. C'est ce qu'indique une enquête menée par l' International Management Institute of development de Lausanne. Utilisant des données de 2006 et 2007 "pour éviter des fluctuations non signficatives dûes à la crise en 2008 et 2009" ne perturbent les résultats, cette étude portant sur les salaires de patrons dans 14 pays indique que les Américains gagnaient alors presque autant que les autres et que la tendance allait à la convergence. Leur rémunération moyenne atteignait 2.4 millions de dollars contre 1,99 millions pour l'ensemble des patrons des 13 autres pays. 

Ces chiffres sont bien inférieurs aux 11 millions de dollars moyens relevés par l'agence Standard & Poor en 2010, car ils tiennent compte d'un certain nombre de données comme la taille de l'entreprise, la structure de son conseil d'administration ou encore l'âge et le parcours professionnel du dirigeant.

Compétition internationale de "talents"

Une fois les ajustements réalisés pour comparer ce qui est comparable, cette enquête démontre que la différence entre les rémunérations des patrons américains et de leurs collègues ailleurs dans le monde à commencé à se réduire avant la crise. La différence représentait ainsi 26% en 2006 - année prise comme référence - et tombait à 2% en 2007.

Pourquoi une telle convergence ? Parce que les entreprises, surtout les multinationales et les sociétés étrangères implantées aux Etats-Unis, distribuent de plus en plus de rémunérations variables comme les stock-options à leurs dirigeants. Cette pratique est plus développée aux Etats-Unis qu'ailleurs. Pour s'aligner, les firmes d'autres pays paieraient de plus en plus leurs patrons en revenu variable. Elles le font "pour attirer des patrons américains et s'adapter à la législation et au marché des Etats-Unis" lorsqu'elles y sont fortement implantées" explique Nuno Fernandes à l'origine de cette étude. "Cette enquête montre à quel point les compagnies s'affrontent pour attirer des talents à l'échelle internationale" ajoute le professeur de management.

La Grande-Bretagne paye mieux que les Etats-Unis

Sur ce terrain, c'est la Grande-Bretagne qui semble la plus compétitive. C'est dans ce pays que les patrons bénéficient des remunérations les plus attractives. Ces derniers reçoivent environ 2,5 millions de dollars selon ces données corrigées. Les émoluments des dirigeants britanniques, irlandais et italiens sont tous supérieurs à 2 millions de dollars par an, tout comme ceux des patrons canadiens.

Les PDG français moins bien payés que les Sud-africains

Les dirigeants français sont toujours bien moins lotis que les autres, même après ajustements. Ces derniers gagnent en moyenne 1 million d'euro par an soit près de deux fois moins que la moyenne, et 400.000 euros de moins en moyenne que les Sud-africains. En 2010, toutefois, les niveaux de gains des patrons du CAC ont atteint des sommets et augmentent de 24% par rapport à l'an passé.

Rémunération moyenne des PDG en 2006 (en millions de dollars)
Grande-Bretagne : 2,5
Etats-Unis : 2,4
Australie : 2,3
Irlande : 2,2
Italie : 2,1
Canada : 2,1
Suisse : 1,8
Pays-Bas : 1,6
Allemagne : 1,5
Norvège : 1,4
Afrique du Sud : 1,4
Belgique : 1
France : 1