FMI : Stanley Fischer contre Christine Lagarde, un duel au sommet

Par latribune.fr  |   |  824  mots
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Stanley Fischer, le très réputé gouverneur de la banque centrale d'Israël, a annoncé samedi qu'il se lançait dans la course au poste de directeur général du FMI, aux côtés de la ministre française de l'Economie et du mexicain Agustin Carsten. En visite au Caire, Christine Lagarde a déclaré dimanche bénéficier du soutien "très affirmé" de l'Egypte...

Une femme et deux hommes pour un fauteuil. A moins d'une nouvelle candidature surprise qui serait dévoilée dans les prochaines heures, ils seront donc trois à s'affronter pour succéder à Dominique Strauss-Kahn au poste de directeur général du Fonds monétaire international. La date limite pour se porter candidat a en effet expiré samedi à 6 heures du matin (heure de Paris). Et c'est donc quelques heures après que le gouverneur de la banque centrale d'Israël, Stanley Fischer, a annoncé qu'il briguait le poste.
Cette candidature qui s'ajoute à celle du gouverneur de la banque du Mexique, Agustin Carstens, vient compliquer la route de la ministre française de l'Economie et des Finances. Dans un communiqué, Stanley Fischer a expliqué que la démission de DSK "a provoqué une occasion extraordinaire et inattendue, une occasion qui peut-être ne se présentera plus jamais, de se porter candidat à la direction du FMI, ce qu'après une longue réflexion j'ai décidé de faire". "En raison de mon expérience, je pense que je peux apporter ma contribution au FMI, entité centrale de l'économie mondiale, et aider l'économie mondiale après la crise", a affirmé Fischer, opposé à l'élection d'un Européen à la tête de l'institution financière. Le gouverneur a aussitôt reçu le soutien du ministre israélien des Finances, Yuval Steinitz.

Un rival très sérieux

Pour Christine Lagarde, ce n'est pas une bonne nouvelle, même si cet obstacle qui vient de surgir sur son chemin vers Washington n'est pas insurmontable. Originaire de Zambie, Stanley Fischer est néanmoins un rival très sérieux pour la Française. Car cet homme de 67 ans a travaillé de 1988 à 1990 comme vice-président et chef économiste à la Banque mondiale, avant d'occuper les fonctions de directeur exécutif adjoint du FMI entre 1994 et 2001. Il a également été vice-directeur de Citigroup et président de Citigroup International, travaillant au sein de ce groupe bancaire de 2002 à 2005.
Au fil des ans, il s'est donc forgé une réputation d'économiste rigoureux. Considéré comme l'un des artisans de la résistance de l'économie israélienne lors de la crise financière de 2008, le gouverneur a procédé, par exemple, à 10 reprises à des relèvements des taux d'intérêt afin de contenir l'inflation et garantir une croissance économique de son pays qui devrait être de 4,5% en 2011. Le magazine Euromoney l'a classé en 2010 à la première place de son hit-parade mondial des gouverneurs de banques centrales. Tandis qu'une autre revue, Global Finance, lui a décerné la note "A" en 2009 et 2010 dans son classement des gouverneurs centraux.
L'Israélien pourra aussi compter sur les sympathies américaines ainsi que sur sa proximité avec le patron de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, dont il était conseiller. Car jusqu'en janvier 2005 il avait la nationalité américaine, à la quelle il a dû renoncer pour devenir uniquement Israélien, lorsqu'il a été désigné au poste de gouverneur de la Banque d'Israël, la double nationalité n'étant pas autorisée dans ce pays pour les hauts fonctionnaires.
Ce n'est pas gagné, mais pas perdu
Pourtant, si ce n'est pas gagné, rien n'est perdu pour Christine Lagarde. Car Staley Fischer cumule plusieurs désavantages. A commencer par son âge. Les règlements du FMI fixent à 65 ans l'âge maximum pour être élu au poste de directeur et à 70 ans l'âge maximum pour occuper cette fonction. Or il a aujourd'hui 67 ans. En outre, sa nationalité israélienne pourrait, d'autre part, lui valoir une opposition de la part des pays arabes. Enfin, il est entré en campagne bien tardivement. Pour l'économiste Nouriel Roubini, Stanley Fischer a les qualifications requises pour diriger le FMI, mais il s'est déclaré trop tard pour espérer devancer Christine Lagarde. "Stan Fischer ferait un excellent directeur général du FMI. Mais, à ce stade tardif, il ne dispose pas du soutien nécessaire pour réussir", ajoute-t-il.
La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, soutenue par l'Union européenne, peut donc continuer à faire figure de favorite pour s'installer dans le fauteuil de directeur général. Samedi, elle a rencontré son homologue saoudien dans le cadre de sa campagne pour rallier des suffrages. "L'Arabie saoudite joue un rôle important dans l'économie mondiale, a commenté Ibrahim Alassaf devant la presse. Nous allons donc demander un renforcement du rôle et de la part du royaume dans le FMI".
La Française doit tenter de rallier à sa candidature les Chinois et les Américains alors que le Sud-Africain Trevor Manuel s'est retiré de la course vendredi. Parmi les puissances émergentes, le Brésil serait enclin à pencher en faveur de Christine Lagarde, mais la première économie d'Amérique latine n'a pas encore fait connaître sa position, précisait un responsable, vendredi. La candidat mexicain, lui, paraît pour l'heure un peu isolé.
J.L.A.