Les Européens divergent sur la recapitalisation des banques

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  546  mots
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Les ministres européens des Finances ont convenu samedi qu'une attention particulière devait être portée à la capitalisation des banques mais sans toutefois considérer qu'il y avait urgence. "De notre point de vue, il y a un besoin clair de recapitaliser les banques", a toutefois déclaré le ministre suédois des Finances, Anders Borg à l'issue de la réunion des ministres de finances qui s'est tenu vendredi et samedi à Wroclaw en Pologne. "La situation générale des banques européennes est stable", a aussitôt corrigé le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker.

Huit banques européennes ont échoué aux tests de résistance en juillet dernier et doivent lever au total 2,5 milliards d'euros, alors que seize autres les ont réussis de justesse et ont été invitées elles aussi à prendre des dispositions.

Mais face aux violentes turbulences observées en août et début septembre sur les marchés, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde a appelé à une recapitalisation plus vaste des banques du vieux continent.

"De notre point de vue, il y a un besoin clair de recapitaliser les banques', a déclaré le ministre suédois des Finances, Anders Borg, à l'issue de la réunion informelle des ministres des Finances qui s'est tenue vendredi et samedi à Wroclaw, en Pologne.

"Je pense que le FMI l'a exprimé de manière très claire, le système bancaire a besoin d'être plus robuste et il s'agit principalement d'une question de capital", a-t-il ajouté.

Son homologue espagnole, Elena Salgado a abondé dans ce sens. "Il y a un consensus pour dire qu'il serait bon que nos institutions financières renforcent leur capital pour être en conformité avec Bâle 3 et faire face à toute éventualité du moment", a-t-elle dit à la presse.

Elle a par ailleurs reconnu que l'ouverture de guichets illimités de liquidités par les banques centrales ne reflétait pas une situation "optimale".

Jeudi, les banques centrales européenne, japonaise, suisse et britannique ont annoncé qu'elles proposeraient des opérations de refinancement en dollars aux banques afin d'éviter que celles-ci n'aient à affronter un gel du crédit comme au pire de la crise à l'automne 2008.

"CREDIT CRUNCH" ?

Plus tôt cette semaine, les principaux conseillers des ministres européens des Finances et les directeurs du Trésor des Vingt-Sept avaient lancé un avertissement sur les risques d'une nouvelle crise du crédit comme celle observée en 2008 si rien n'était fait pour solidifier la structure de capital des établissements européens.

Ils mentionnaient notamment un "risque de cercle vicieux entre la dette souveraine, le financement des banques et la croissance négative", qui pourra provoquer un gel du crédit.

"Des effets de débordement" pourraient "nourrir une dangereuse spirale négative entre le secteur financier et les secteurs de l'économie réelle ou les problèmes de financement (...) l'aversion au risque (...) pourraient conduire à un désendettement des banques, phénomène qui provoquerait à son tour, dans certains Etats membres, une crise du crédit", prévenaient-ils.

Selon plusieurs sources ayant assisté à la réunion, la Banque centrale européenne, l'Autorité bancaire européenne et la Commission européenne ont fait écho à ces demandes samedi et insisté auprès des Etats membres pour qu'ils s'assurent que la situation de capital des banques restait solide.

Certains ministres ont toutefois cherché à disperser ces craintes et minimisé les risques d'une répétition du "credit crunch" de 2008.

"La situation générale des banques européennes est stable", a insisté le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker.

Le ministre des Finances luxembourgeois, Luc Frieden, a quant à lui jugé que la situation n'était "pas préoccupante".

"Tous les instruments sont en place pour s'assurer que le système financier continue de fonctionner convenablement", a-t-il déclaré à la presse.