Les petites phrases de Claude Guéant lui valent une volée de bois vert

Par latribune.fr  |   |  497  mots
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Le ministre de l'Intérieur se voit reprocher par l'opposition de vouloir récupérer l'électorat séduit par Marine Le Pen en utilisant le même vocabulaire que le FN.

Tout a commencé à la veille du premier tour des élections cantonales. L'homme de confiance du chef de l'Etat avait choisi de faire un coup médiatique en évoquant "les Français qui ont le sentiment de ne plus être chez eux". Puis ce fut le terme de croisade utilisé pour qualifier l'intervention pilotée par la France et le Royaume-Uni en Libye. Propos immédiatement critiqués non seulement pas l'opposition mais, mezzo voce, par certains membres de la majorité. Même Alain Juppé, ce jeudi matin sur RTL a reconnu que ce terme n'était "pas exactement adapté".

Et ce jeudi, Claude Guéant a de nouveau fait l'objet de vives critiques après des propos qui ont été d'abord interprétés par l'opposition de gauche comme une prise de position contre le port de signes religieux par les usagers des services publics, notamment à l'hôpital. Il a fallu que son cabinet explique ensuite que le ministre ne voulait pas interdire à une femme voilée ou à un homme portant une kippa de pénétrer dans un lieu public. Mais qu'en revanche, "l'organisation du service public s'impose à l'usager, qui ne peut pas, par exemple, récuser un médecin ou quelqu'un d'autre pour un motif religieux."

Des "petites phrases qui visent à dresser les Français les uns contre les autres"

L'opposition de gauche y a néanmoins vu le signe d'une "obsession chronique" du ministre sur cette question, selon l'expression de Razzy Hammadi, secrétaire national Parti socialiste aux services publics. "En devenant ministre de l'Intérieur, Claude Guéant est devenu l'acteur d'un mauvais film: 'le ministre qui murmurait à l'oreille du FN'", a déploré dans un communiqué Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale. Et d'ajouter : "Durant combien de temps encore l'ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy va-t-il multiplier les petites phrases, qui visent à dresser les Français les uns contre les autres ?"

François Bayrou parle de "dérapages dangereux"...

Jugeant que Claude Guéant "ne contrôlait pas très bien ce qu'il disait", François Bayrou, a dénoncé sur RTL une série de "dérapages dangereux". Le président du MoDem s'insurge contre cette dérive: "On ne va pas continuer à traiter du destin de la société française en cultivant une obsession anti-musulmane". Pour Europe Ecologie-Les Verts, le gouvernement persiste "à dresser les citoyens les uns contre les autres pour dissimuler son incapacité à résoudre la crise économique, sociale et environnementale".

...et Marine Le Pen de "propos électoralistes".

La Président du Front National a appelé Claude Guéant à agir au lieu de "tenir des propos électoralistes" : "Si c'est de la stratégie politique, je lui propose de changer de job, stratège c'est pas son truc. Il était où monsieur Guéant ces dernières années ? Dans une cave ? Il n'a pas vu la laïcité reculer ces dernières années ?" a insisté Marine Le Pen lors d'une conférence de presse.