Comment Marine Le Pen creuse son sillon

A en croire les sondages, la présidente du Front National est en mesure de réitérer en 2012 l'exploit de son père qui s'était imposé au second tour de l'élection présidentielle dix ans plus tôt. Pour les politologues, la candidate de l'extrême-droite doit cette percée à son image plus moderne et moins sulfureuse. Marine Le Pen aurait ainsi réussi à rendre le vote FN moins inavouable.
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Marine Le Pen est-elle en train de gagner son pari ? La nouvelle présidente du Front National tente de faire sauter le verrou autour de l'extrême droite française en jouant de son image, plus lisse et plus moderne que celle de son père. Et force est de constater qu'elle polarise désormais le débat politique. Encore prudents sur sa capacité à rééditer l'exploit de son père en s'invitant au second tour de l'élection présidentielle de 2012, politologues et élus de terrain constatent néanmoins que de plus en plus de Français ne jugent plus inavouable leur envie de voter FN.

"Les résultats bruts obtenus par les sondeurs sont beaucoup plus fiables aujourd'hui, car les personnes interrogées osent dire qu'elles votent pour Marine Le Pen", estime ainsi le politologue Jean-Yves Camus. Un comportement susceptible d'expliquer les sondages - controversées - accordant entre 19% et 24% des intentions de vote à Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle, alors que du temps de son père, le vote FN était régulièrement sous-estimé.

"Voter FN pour les emmerder tous"

Ces enquêtes d'opinion montrent en tout cas que la France n'est pas à l'abri d'un second 21 avril en 2012, par référence à la qualification de Jean-Marie Le Pen pour le second tour de la présidentielle de 2002. Des élus effectuant du porte-à-porte lors de la campagne des cantonales assurent que de plus en plus d'électeurs leur confient sans gêne leur intention de voter FN.
Interrogé par l'agence Reuters, le député communiste Maxime Gremetz, qui se présente à Amiens (Somme), met ce comportement sur le compte d'une "exaspération extraordinaire" face à la politique de la droite et l'incapacité de la gauche à présenter un projet crédible. "Ils disent 'on va voter Front national pour les emmerder tous'", explique-t-il, nuançant l'idée selon laquelle Marine Le Pen serait mieux perçue que son père par les ouvriers.

Près de la moitié des sympathisants UMP favorables à des alliances avec le FN

Dans Le Monde, le mois dernier, Nonna Mayer, du centre d'études européennes de Sciences Po, estimait que l'électorat de Marine Le Pen restait globalement le même que celui de son père bien qu'elle progresse chez les employés. Pour Sylvain Crépon, chercheur à l'université Paris-Ouest-Nanterre, la nouvelle dirigeante semble néanmoins en passe de rompre le "cordon sanitaire" placé par la droite classique et la gauche autour du FN. "La nouveauté, c'est que 49% des sympathisants UMP se disent dans des sondages prêts à des alliances avec le Front national, c'est lié à l'entreprise de "dédiabolisation'", explique ce sociologue."Les gens de la droite classique étaient très réticents. A partir du moment où Marine Le Pen s'est démarquée de son père, notamment sur la Shoah, toute une frange de la droite classique dit qu'il n'y a plus de raison" de maintenir le cordon, précise-t-il.

Le charisme de Marine Le Pen à la télévision

Sylvain Crépon affirme avoir rencontré lors du congrès du FN de Tours, en janvier, de nouveaux militants sans lien particulier avec l'ancienne extrême droite et dont certains étaient issus des rangs de l'UMP. "Ce sont des jeunes qui ont adhéré récemment en l'écoutant à la télévision. Ils disent 'maintenant que c'est Marine, on peut s'engager'", explique ce chercheur. Selon lui, Marine Le Pen a profité du "désenchantement" de l'électorat sarkozyste, dans un climat alourdi par les 'affaires' qui ont récemment défrayé la chronique dans un contexte de crise économique. "Sur l'identité nationale, les Roms ou la laïcité, la majorité a l'air de courir après Marine Le Pen et c'est elle qui dicte l'agenda", estime-t-il.

Les "ninistes" constituent encore un réservoir de voix pour le FN

Néanmoins, le chercheur reste prudent sur la possibilité de voir la présidente du FN bousculer la donne en 2012 "car le choix se fait souvent dans les dernières semaines"
"D'autant qu'à gauche, il n'y a pas encore de candidat officiel. Du coup, Marine Le Pen apparaît actuellement comme la seule opposante", explique-t-il. Pour Nonna Mayer, le FN "est encore majoritairement perçu comme un danger pour la démocratie." Mais Marine Le Pen peut encore progresser chez les électeurs "qui ne se sentent proches d'aucun parti, les 'ninistes' qui se disent ni de droite, ni de gauche", conclut-elle.
 

Commentaires 2
à écrit le 26/03/2011 à 11:19
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Voter l'extrême c'est bien un signe qu'en France cela cloche sérieusement . Je pense à nos compatriotes résistants de la seconde guerre mondiale. Je crois même que cela cloche en occident . De partout ou l'on se tourne on voit des gens qui pour seu...

le 26/03/2011 à 16:51
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Au contraire, le FN est un parti républicain qui redressera la France en déclin sous le régne ronronnant de l'UMPS. Le peuple français ne s'y trompe pas et la montée de Marine Le Pen commence à tendre vers un plébiscite !

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