L'Allemagne menacée d'isolement

Par Romaric Godin  |   |  502  mots
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Berlin refuse d'additionner les capacités d'emprunt du FESF et du MES et réclame une participation accrue du FMI. Lequel exige, avec le reste de la zone euro, la fusion du FESF et du MES...

Que ceux qui pensaient que l'accord de mardi dernier sur l'aide à la Grèce allait promptement mettre fin à la crise de la dette souveraine n'y songent plus ! Car déjà la situation semble bloquée entre l'Allemagne et le reste du monde. A Berlin, ce jeudi 23 février, le porte-parole du gouvernement allemand, Stefen Seibert a ainsi martelé que son pays « ne voit toujours pas la nécessité d'augmenter dans l'immédiat le volume du MES ». Soucieuses de ne pas accroître la facture pour ses contribuables, les autorités allemandes refusent d'additionner les capacités d'emprunt de l'actuel Fonds européen de sécurité financière (FESF), soit 250milliards d'euros, avec celles du Mécanisme européen de stabilité, le MES, qui doit le remplacer le 1er juillet prochain et qui, lui aussi, disposera, à terme, d'une capacité d'emprunt de 500 milliards d'euros.

Le FMI refuse d'accroître sa contribution

Les partenaires européens de l'Allemagne, mais aussi les grandes puissances économiques mondiales, comme les Etats-Unis, le Japon ou le Royaume-Uni, plaident pour une addition des deux systèmes. Avec 750 milliards d'euros, on disposerait en effet, selon eux d'un pare-feu permettant de répondre efficacement au risque de contagion de la crise de la dette européenne à des pays comme l'Espagne et l'Italie.

Le problème, c'est que le FMI, qui n'a promis de fournir que 13 milliards d'euros sur 130 au plan finalisé mardi matin, refuse d'accroître sa contribution s'il n'a pas des garanties supplémentaires, autrement dit si FESF et MES ne sont pas additionnés. Les grands contributeurs du FMI ont, ce jeudi, fait un tir de barrage contre la position allemande. Barack Obama lui-même a prié par téléphone la chancelière Angela Merkel de « faire quelque chose pour le fonds de secours ». Un officiel canadien a estimé également que c'était à la zone euro de d'abord renforcer sa capacité de défense avant de réclamer l'aide du FMI. Enfin, à Londres, ministres des Finances britanniques et japonais sont convenus que les ressources du FMI ne pouvaient se substituer à celles de la zone euro elles-mêmes.

Combat au Bundestag

La situation risque de ne pas se débloquer avant lundi, date du vote du Bundestag sur le plan d'aide à Athènes de mardi dernier. Ce vote s'annonce assez difficile pour le gouvernement Merkel. Le vice-président du groupe conservateur de la chancelièrel, Michael Meister, a du reste prévenu que si la chambre vote en faveur du plan, il ne pourra s'agir que d'un « vote sous réserve ». Or, parmi les réserves qui permettraient de transformer ce vote en un accord formel, il y aurait, selon ce député, une participation accrue du FMI. Mais ce dernier, on l'a vu attend un geste de Berlin que ce dernier refuse catégoriquement pour le moment. C'est dire si la partie semble bloquée. Et si au final, elle reste en l'état, l'accord « définitif » de mardi dernier deviendrait rapidement aussi caduc que celui du 21 juillet dernier.