Grève générale pour le 100e jour du Premier ministre espagnol

Par latribune.fr (source AFP)  |   |  532  mots
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La grogne grandit en Espagne où les syndicats ont appelé, ce vendredi, à une grève générale pour le 29 mars afin de protester contre la politique de rigueur du gouvernement conservateur. Seules cinq grèves générales ont eu lieu depuis 1977.

C'est un premier grand test pour le Premier ministre espagnol conservateur Mariano Rajoy. Contre une politique de rigueur encore plus sévère que celle menée par le gouvernement précédent, les syndicats ont appelé, ce vendredi, à une grève générale le 29 mars. La cinquième du genre depuis le retour des libertés syndicales en 1977. La dernière avait été organisée le 29 septembre 2010 pour protester contre une précédente réforme du marché du travail introduite par le gouvernement du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero.

"C'est la réforme la plus régressive de l'histoire de la démocratie espagnole", a réagi Ignacio Fernandez Toxo, le secrétaire général de l'un des deux principaux syndicats espagnols, CCOO. Devant une grande banderole rouge marquée du slogan "Ils veulent en finir avec tout, avec les droits du travail et sociaux", ce dernier a dénoncé une réforme qui "introduit le licenciement libre et gratuit". A ses côtés, Candido Mendez, dirigeant de l'autre grand syndicat, UGT, a dénoncé une "décision brutale" et "sans précédent" du gouvernement. 

Une réforme qui détruit des emplois ?

Hasard du calendrier, cette grève aura lieu au 100e jour de pouvoir du conservateur Mariano Rajoy, qui a pris ses fonctions le 21 décembre. Le lendemain, il présentera le budget 2012 du pays, marqué par de sévères mesures d'austérité. Son gouvernement a adopté le 11 février une nouvelle réforme pour flexibiliser le marché du travail, incluant la baisse des indemnités de licenciement et des mesures pour stimuler l'emploi des jeunes. L'objectif est de relancer la création d'emplois, dans un pays au taux de chômage record parmi les pays industrialisés (22,85%) et particulièrement dramatique chez les moins de 25 ans (48,6%), mais les syndicats estiment que la mesure va surtout faciliter les licenciements.

"On ne peut pas dire que cette réforme va créer de l'emploi : le chef du gouvernement lui-même affirme que 650.000 postes risquent de disparaître en 2012", a lancé Ignacio Fernandez Toxo vendredi. Le gouvernement a annoncé la semaine dernière tabler sur une nouvelle augmentation du chômage en 2012, qui devrait frapper 24,3% de la population active. Mais il garde le cap sur la rigueur et prévoit d'adopter le 30 mars un projet de budget d'austérité, pour ramener comme promis le déficit public de 8,51% du PIB fin 2011 à 5,8% fin 2012.

Absence de dialogue

"La grève n'est pas une fin en soi, mais le moyen d'obtenir que le gouvernement s'asseoie à la table des négociations", a ajouté Fernandez Toxo, regrettant l'absence de "dialogue" avant l'adoption de la réforme du droit du travail. La vice-présidente du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria, a répondu vendredi que la grève n'était "pas la solution face à la difficile situation du pays".

Contre la nouvelle réforme du marché du travail, des centaines de milliers de manifestants, agitant des drapeaux rouges, avaient déjà défilé le 19 février dans les villes d'Espagne. Une nouvelle journée de mobilisation est prévue pour ce dimanche, avec des manifestations annoncées dans tout le pays.