Mario Draghi : la zone euro a besoin d'un "pacte de croissance"

Par Sophie Rolland  |   |  592  mots
Mario Draghi, le président de la BCE Copyright Reuters
Le président de la BCE a appelé à davantage de croissance en Europe. Mais il s'agit davantage d'une demande de réformes structurelles - potentiellement douloureuses - dans les pays de la zone qu'un pas vers un assouplissement ou même un abandon du pacte budgétaire.

Le front de l?austérité serait-il en train de se lézarder en Europe ? En tout cas, la simple évocation d?un « pacte de croissance » par le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi a mis tout le monde d?accord ce mercredi. Du moins, en apparence? Angela Merkel a applaudi. « Nous avons besoin de croissance, de croissance sous forme d'initiatives pérennes, pas juste de programmes de conjoncture - qui creuseraient encore la dette publique - mais de croissance comme Mario Draghi l'a dit aujourd'hui, sous forme de réformes structurelles », a déclaré la chancelière.
François Hollande se félicite
Quant à François Hollande, il a estimé que cela prouvait que les idées des socialistes français cheminent. Cette déclaration « va plutôt dans le sens que j'ai indiqué, je ne veux pas tirer [des conclusions de] ses propos, parce qu'il ne met pas forcément la même chose que moi dans les mesures qui pourront soutenir la croissance », a toutefois tempéré le candidat socialiste à la présidentielle lors d'une conférence de presse. François Hollande a répété mercredi qu'une fois élu, il exigerait la renégociation du pacte budgétaire adopté en mars dernier. Il veut renégocier le texte dans un sens favorable à la croissance. Parmi ses propositions : la création d?euro-obligations pour financer des projets d'avenir, donner à la Banque européenne d'investissement (BEI) plus de possibilités de financement, la création d?une taxe sur les transactions financières et la mobilisation des fonds structurels non utilisés.
Pas de révolution à la BCE
Il ne faudrait cependant pas surinterpréter les propos du président de la Banque centrale européenne. Un porte-parole de la vénérable institution a d?ailleurs vite recadré le débat. Même s'il a utilisé l'expression « pacte de croissance » devant le Parlement européen, Mario Draghi « n'a pas changé son message », a précisé à l'AFP un porte-parole de l'institut monétaire. Mario Draghi préconise des réformes structurelles en zone euro, comme une flexibilisation accrue du marché du travail, pour améliorer la compétitivité des Etats et non une relance par les dépenses publiques, a insisté ce porte-parole. « Il a été cohérent avec le message traditionnel de la BCE », a-t-il souligné.

Les opérations de prêt de la BCE ont surtout permis de "gagner du temps"

Le président de la Banque centrale européenne a par ailleurs reconnu qu'il avait espéré que les prêts massifs consentis ces derniers mois aux banques (les LTRO) européennes profiteraient plus rapidement à l'économie réelle. Depuis décembre, la BCE a prêté quelque 1.000 milliards d'euros sur trois ans aux banques de la zone euro. Officiellement, l'objectif était de stimuler l'octroi de crédit et par là-même l'activité économique dans son ensemble. Si cela ne s'est pas produit, c'est que la "demande de crédit est contenue", a déclaré Mario Draghi. En revanche, les opérations de prêts ont amélioré la situation financière des banques et permis de "gagner du temps" ce qui n'est "pas négligeable". Il a également reconnu que les LTRO avaient eu pour effet de gonfler les " portefeuilles d'obligations d'Etat des banques". A l'heure où tout le monde reconnaît qu'il faut réduire l'interdépendance entre les banques et les Etats de la zone euro, ce n'est peut être pas l'effet le plus positif de ces opérations.