Sarkozy fête le travail en promettant un « nouveau modèle social »

Par latribune.fr  |   |  940  mots
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Les traditionnelles manifestations syndicales du 1er mai ont mobilisé au moins 316.000 personnes. A la veille du débat qui l'opposera mercredi soir à son rival François Hollande, Nicolas Sarkozy, à la peine dans les sondages à 5 jours du second tour des élections présidentielles, s'est exprimé lors d'une « vraie fête du travail » au Trocadéro. Il y a fustigé les syndicats et la gauche, et promis un nouveau modèle social s'il est ré-élu. Marine Le Pen, en annonçant qu'elle voterait blanc et ne donnerait pas de consigne de vote à ses électeurs, parie sur sa défaite et vise les législatives.

Calendrier électoral oblige, ce 1er mai a pris des allures particulières, opposant notamment le président sortant Nicolas Sarkozy aux syndicats.
A cinq jours du second tour des élections présidentielles, pour lequel François Hollande est toujours crédité de 53 % des voix dans le dernier sondage Ipsos, le candidat de l'UMP a voulu frapper un grand coup en organisant au Trocadéro face à la Tour Eiffel une « vraie fête du travail ».

Lors de ce meeting qui aurait mobilisé 200.000 personnes, Nicolas Sarkozy a exhorté les syndicats à « poser le drapeau rouge » et à servir la France. « Laissez de côté les partis », « votre rôle n'est pas de défendre une idéologie », a-t-il martelé. « Ils ont choisi de défiler avec le drapeau rouge, nous avons choisi de nous rassembler sous le drapeau tricolore », a lancé Nicolas Sarkozy, « je n'accepterai jamais de recevoir de leçons de morale de la part de ceux qui brandissent le drapeau qui a été l'étendard de tant de tyrannies ».

Critique des 35 heures et esquisse d'un nouveau modèle social

Le président sortant a également défendu la « valeur travail » et promis un « nouveau modèle social » qui « ne cherchera pas à diminuer le coût du travail en abaissant les salaires », « où la réussite ne sera plus regardée avec suspicion mais comme un exemple », « où les syndicats, au lieu d'être une force de conservation, seront une force de transformation sociale », où « il sera possible avec l'accord de tous de déroger aux règles générales quand le carnet de commandes l'exigera », où « parler de souplesse ne sera plus un crime ».

Nicolas Sarkozy s'en est également pris au bilan de la gauche « Vous avez fait les 35 heures, vous avez avancé l'âge de la retraite à 60 ans sans avoir le premier centime pour la financer, vous avez alourdi le coût du travail, vous avez appauvri les travailleurs en prétendant les protéger ».

« C'est la première fois qu'un président de la République cherche à s'emparer du 1er mai », s'est insurgé pour sa part Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT. S'il est le seul des représentants syndicaux à s'être ouvertement prononcé pour le vote Hollande, le rejet de l'actuel président s'est largement manifesté dans les cortèges très fournis qui ont défilé dans toutes les grandes villes de France. François Chérèque (CFDT) a également accusé Nicolas Sarkozy de « provocation » et de « diviser » les Français.

Entre 316.000 et 750.000 personnes dans les rues selon les sources

La mobilisation a été massive partout en France, atteignant 750.000 personnes dont 250.000 à Paris selon la CGT, 316.000 dont 48.000 à Paris selon la police. Quoi qu'il en soit, c'est entre cinq et six fois plus qu'en 2011 et deux fois plus qu'en 2010.

De son côté, François Hollande avait préféré s'éloigner de Paris pour cette journée traditionnellement dévolue aux syndicats. A Nevers, où il s'était rendu pour un hommage à l'ancien Premier ministre socialiste Pierre Bérégovoy qui s'y était donné la mort il y a exactement 19 ans, il a néanmoins tenu un discours dans lequel il a, à distance, répondu à son rival, soulignant notamment que le « 1er mai, fête des syndicalistes, ne saurait être associé à une bataille contre le syndicalisme ». Il a également refusé de voir le candidat sortant s'arroger la « valeur travail », et répété à plusieurs reprises « Qui défend la valeur travail et qui l'abîme ? ».

A Paris, des représentants du Parti socialiste et du Front de gauche ont rejoint la queue du défilé des syndicats.

Marine Le Pen votera « blanc aux présidentielles, bleu marine aux législatives »

Dans la matinée, le Front National avait organisé son traditionnel défilé à la mémoire de Jeanne d'Arc. Comme attendu, la présidente du Front National, troisième force politique à l'issue du premier tour des élections présidentielles avec 17,9 % des suffrages, y a fait part de ses intentions concernant le second tour.

Marine Le Pen a annoncé qu'elle-même voterait blanc, renvoyant dos-à-dos les deux candidats encore en lice, François Hollande « faux-espoir » et Nicolas Sarkozy « nouvelle déception ». « Chacun d'entre vous fera son choix en son âme et conscience, selon sa responsabilité, a-t-elle ajouté, refusant de donner quelque consigne de vote.

Pariant sur une défaite de Nicolas Sarkozy suivie d'un éclatement de l'UMP, Marine Le Pen vise directement les élections législatives des 10 et 17 juin prochains pour lesquelles elle votera « bleu marine ».

Un débat crucial mercredi soir entre les deux candidats

La déclaration de Gérard Longuet, estimant lors d'un entretien au journal « Minute » que Marine Le Pen, contrairement à son père, était un interlocuteur possible pour l'UMP, a suscité des réactions jusque dans son propre camp. Rachida Dati s'en est notamment émue. Le président de l'Observatoire national contre l'islamophobie Abdallah Zekri a pour sa part jugé ces propos « pas sains du tout ».

Crédité de 47 % dans les plus récents et plus optimistes sondages, le président sortant fait face à une situation délicate. Les déclarations de Marine Le Pen ne sont pas de nature à faire évoluer le report de voix du Front National, estimé à 54 %, ce qui reste insuffisant pour combler son retard.

Nicolas Sarkozy ne peut donc plus compter que sur le grand débat télévisé, l'unique de la campagne, qui l'opposera demain soir mercredi 2 mai à 21 h à son rival François Hollande, pour une durée d'au moins deux heures. D'expérience, le débat d'entre-deux tours n'a cependant jamais fait bouger le rapport de forces de plus d'un point...