Angela Merkel rejette toute idée de relance en Europe

Par Romaric Godin  |   |  504  mots
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La chancelière a réaffirmé sa volonté de soutenir la croissance par des réformes structurelle et a rejeté toute idée de relance keynésienne. Le bras de fer à distance avec le futur exécutif français se poursuit.

Angela Merkel persiste et signe. Devant le Bundestag ce jeudi matin, où elle s?exprimait pour préparer le sommet du G8 des 18 et 19 mai prochains, la chancelière a, une nouvelle fois, rejeté tout plan de relance pour la zone euro. Certes, elle a proclamé que « la réduction de l?endettement et le renforcement de la croissance sont les deux piliers de notre stratégie ». Mais elle a immédiatement prévenu qu?il n?était pas question de faire de « la croissance à crédit » (« Wirtschaft auf Pump »), qui « nous ramènerait là où nous étions au début de la crise ». « C?est pourquoi nous n?avons pas le droit de le faire, et c?est pourquoi nous ne le referons pas ».

Des réformes structurelles plutôt que de la relance

Malgré les formes qu?elle a pu mettre dans ses propos depuis l?élection du nouveau président français, Angela Merkel n?adoucit donc guère sa position avant sa rencontre le 16 mai avec François Hollande. La chancelière a du reste clairement pris parti contre la position de ce dernier sur la croissance. « La croissance par des réformes structurelles, c?est sensée, c?est important, c?est nécessaire », a-t-elle proclamé. Son choix est donc celui d?une réforme libérale, a priori difficilement compatible avec le programme du nouveau locataire de l?Elysée. Et pour achever de doucher les espoirs du futur exécutif français, elle prévient que « la sortie de crise sera un processus long et fatiguant ».

Elections dimanche

A la veille de l?élection importante ce dimanche dans le Land de Rhénanie du Nord Westphalie, le gouvernement allemand serre les rangs et montre les dents. Les messages de fermeté envoyés par plusieurs membres du gouvernement à l?endroit de la Grèce ces derniers jours vont dans ce même sens. Il y a deux raisons à cette stratégie. D?abord, la volonté de satisfaire la « clientèle » conservatrice de la CDU en Rhénanie du Nord qui pourrait être tenté par l?abstention. Dimanche dernier, dans le Schleswig Holstein, la participation a atteint 60 % des inscrits, soit 13 points de moins qu?en 2009 !

En mars, en Sarre, elle n?était que de 62 %, soit six points de moins qu?en 2010. Certes, ceci n?a pas pénalisé la CDU dans ces deux cas, mais les électeurs libéraux, eux, sont en grande partie restés chez eux. A Berlin, on considère que l?abstention n?est pas sans rapport avec la crise européenne. Si le gouvernement fait preuve de fermeté, on espère qu?il bénéficiera d?un soutien de ces eurosceptiques. L?autre raison est plus pragmatique. Angela Merkel sait qu?elle devra faire quelques concessions pour conserver l?apparence d?un moteur franco-allemand qui fonctionne. Mais elle préfère évidemment dans la future négociation affirmer d?emblée une grande fermeté afin que ces concessions soient le moins significatif possible.