Plus loin, plus haut, plus fort.. La BCE dans une forme olympique

Par Sophie Rolland  |   |  505  mots
Copyright Reuters
La Banque centrale européenne (BCE) a une nouvelle fois signifié jeudi qu'elle ne laisserait pas la crise s'aggraver en zone euro et s'est dite prête à intervenir y compris sur le marché obligataire.

"La BCE est prête à faire tout ce qui est nécessaire pour préserver l'euro. Et croyez-moi, ce sera suffisant", a déclaré Mario Draghi, le patron de la Banque centrale européenne... Les marchés l'ont cru ! L'euro est remonté de 1,2150 dollar en début de journée à 1,2316 en milieu d'après-midi.

L'Irlande revient sur le marché obligataire

Les investisseurs ont des raisons d'espérer. L'Irlande, qui avait dû demander un plan de sauvetage en 2010, est de retour sur le marché obligataire. L'agence de la dette irlandaise a annoncé qu'elle allait émettre ses premiers emprunts obligataires depuis près de deux ans (de la dette à 5 ans offrant un rendement de 5,9 % et de la dette à 8 ans à 6,1 %) et échanger de la dette à court terme contre de la dette à plus long terme. En échange d'un rendement plus élevé , les investisseurs pourront remplacer de la dette à 1 et 2 ans contre de la dette à 5 et 8 ans. 

La BCE n'a pas le droit de décevoir

L'institution n'a pas le droit de décevoir. Qu'il s'agisse d'une réactivation du programme de rachat de titres de dette souveraine (Securities Market Program), d'accorder une licence bancaire au mécanisme européen de stabilité pour décupler ses moyens sans plomber les Etats contributeurs ou d'une autre solution, le temps presse. L'incapacité des dirigeants européens à adopter des mesures décisives pour stopper la crise des dettes souveraines en zone euro a conduit l'ensemble des intervenants de marché à considérer la sortie de la Grèce de la zone euro comme possible, voire probable.

La sortie d'un (ou de plusieurs) pays de la zone euro : une hypothèse sérieuse pour les opérateurs de marché

Une dislocation de la zone fait désormais partie des hypothèses que tout économiste de marché se doit de prendre en compte. Pour Citigroup, la probabilité d'une sortie de la Grèce de la zone euro dans les 12 à 18 prochains mois s'élève désormais à 90 % ! Les stratèges de marché d'Axa IM, eux, ont même mis au point un indice mesurant la probabilité de "sortie de l'euro" des différents pays de la zone. En se basant sur les écarts de taux des obligations des différents pays avec l'Allemagne et sur le niveau des CDS (les dérivés de crédit permettent de calculer une probabilité de défaut implicite), ils obtiennent par exemple une probabilité de sortie de la zone euro "proche de zéro" pour la France et  "autour de 15 %" pour l'Italie.

La Banque centrale européenne devrait s'approprier la devise des Jeux Olympiques

Par leurs déclarations, hier et aujourd'hui, les banquiers centraux ont calmé les tensions sur les taux espagnols et italiens. "Reste à passer aux actes, en agissant plus vite - sans attendre la fermeture des marchés obligataires de ces deux pays -, en visant plus haut - encourager l'intégration économique et financière en zone euro - et en tapant plus fort - augmenter les moyens d'action BCE-EFSF-ESM", commente l'économiste d'Oddo Securities, Bruno Cavalier.