Une licence bancaire pour démultiplier les pouvoirs du MES ?

Un des membres du conseil des gouverneurs de la BCE a déclaré qu'il existait « des arguments en faveur » de l'octroi d'une licence bancaire au Mécanisme européen de stabilité (MES)*.
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Mercredi, Ewald Nowotny, le gouverneur de la banque centrale autrichienne, également membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a déclaré qu'il existait « des arguments en faveur » de l'octroi d'une licence bancaire au MES. Une lueur d'espoir pour la zone euro ? Peut-être. Mais pour l'instant les économistes de marché restent extrêmement prudents. Pour cause : Ewald Nowotny a ajouté que le sujet ne faisait pas actuellement l'objet « de discussions spécifiques au sein de la BCE ».

Un serpent de mer

Comment interpréter ces déclarations ? « L'idée d'utiliser la liquidité BCE pour donner plus de pouvoir d'intervention au mécanisme de soutien des Etats de la zone euro a des partisans au sein du Conseil des Gouverneurs, mais elle a aussi des opposants », résume Ken Wattret, chef économiste pour la zone euro chez BNP Paribas. Pour lui « il ne faut pas attendre d'annonce de cette nature à court terme ». Le 5 juillet dernier, Mario Draghi avait assuré que le dispositif EFSF-ESM était suffisant pour faire face à la situation...

« Une autre leçon de la crise de la zone euro est que les autorités agissent rarement de façon préventive », signale également Ken Wattret. Mais lorsque la situation devient critique et que la contagion menace l'ensemble de la zone, elles n'hésitent pas à agir de façon radicale. C'est ce qui pourrait se passer avec l'ESM...

Le MES a des capacités d'interventions limitées par rapport aux problèmes de l'Espagne (et de l'Italie)

Le problème est que le MES - ou le FESF, en attendant la décision de la cour de Karlsruhe - a des capacités d'intervention finies. Venir au secours de l'Espagne, ou pire de l'Italie nécessiterait d'augmenter son capital, ce qui alourdirait l'endettement des Etats garants et induirait une pression sur les notes des pays AAA de la zone. Dès lors, une idée récurrente pour alléger ce fardeau, serait d'accorder une licence bancaire au MES, de telle sorte qu'il puisse avoir accès à la liquidité illimitée de la BCE.

« La France a toujours plaidé pour que le MES obtiennent une licence bancaire. A l'image de la BEI, le MES pourrait emprunter sur les marchés et serait soumis aux systèmes de réserves obligatoires mais pourrait ensuite se refinancer auprès de la BCE. Sa capacité d'intervention serait démultipliée. Le MES deviendrait alors le véritable prêteur en dernier ressort des Etats de la zone euro », explique Christian Parisot, économiste chez Aurel bgc.

Actuellement, avec un capital prévu de 32 milliards d'euros, la capacité de prêt du MES est de 210 milliards.

Capacité de prêt du FESF et du MES
en milliards d'euros Juin 2012 Juillet 2012 Juillet 2013 Juillet 2014
Capital souscrit du MES 0 32 64 80
Capacité de prêt du MES 0 210 420 500
Capacité de prêt résiduelle du FESF 240 240 0 0
Engagements actuels du FESF 200 200 200 200

Capacité totale de prêt

(engagements du FESF déduits)

240 450 420 500

 Source : Aurel bgc

 

Une solution à moyen terme ?

« A court terme, la seule solution disponible pour les Européens est une reprise des achats d'obligations par la BCE via son programme SMP », tempère toutefois l'économiste d'Aurel bgc. Pour lui, « à un horizon de six mois, l'Europe peut mettre en place des solutions crédibles pour atténuer le risque souverain : accorder une licence bancaire au MES serait l'une des solutions de sortie de crise, tout comme l'union bancaire et un renforcement des institutions européennes ». Mais six mois sur les marchés, c'est une éternité.

 

* Le mécanisme européen de stabilité (MES) est le dispositif de gestion des crises financières de la zone euro qui prendra le relais du Fonds européen de stabilité financière (FESF), normalement en septembre prochain. Le MES, comme le FESF, crée, entre les États signataires, un fonds commun de créances qui peut lever des fonds sur les marchés financiers pour un montant allant jusqu'à 500 milliards d'euros, afin d'offrir une aide d'urgence à un État qui se trouverait en difficulté économique


 

Commentaires 10
à écrit le 26/07/2012 à 16:20
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un nouveau truc poudre aux yeux. Démultiplier les chômeurs voilà actuellement le résultat des manipulations monétaires. l'économie réelle n'en peut mais.

à écrit le 26/07/2012 à 11:08
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On crée un monstre, alors qu'il faut créer de la richesse! On gère et digère la dette... J'espère que nos enfants nous pardonneront

le 26/07/2012 à 11:45
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Une bonne partie sera là grâce aux subventions natalistes de notre beau pays, ça leur donnera une bonne raison de nous pardonner. D'un autre côté on leur demandera d'assumer une dette qui n'aura servi qu'à financer le train de vie des générations pas...

le 26/07/2012 à 11:48
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Pourquoi nos enfants ? ne sommes nous pas nous aussi les deux pieds dans la "mer.." ? Aurons-nous droit à une retraite ? NON

à écrit le 26/07/2012 à 8:10
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c est quoi exactement le MES?

le 26/07/2012 à 10:27
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Un dispositif auquel chaque état de la zone euro a participé en fournissant une dotation qui permet de venir en aide aux états en difficulté. Contrairement au FESF il emet de la dette sénior/créancier privilégié ce qui en fait une contrepartie plus s...

le 26/07/2012 à 13:17
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Très bonne réponse de panasonic@,les autres commentaires sont nuls.

le 26/07/2012 à 14:32
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En gros on en revient indirectement à une "banque centrale" qui finance les etats a Taux 0, comment avant la déréglementation bancaire...... Comme quoi elle etait pas la pour rien cette fameuse reglementation

à écrit le 26/07/2012 à 7:46
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Si les Europeens croirent que avec ce type des trics elle resoudra ces problems, on peut dire seulement: BON CHANCE. La meme chose avec la grand idee que la BCE recoit des depots a taux negative!! Ca va chez les Danois, mais seulement parce que eux ...

le 27/07/2012 à 18:51
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Mmouais, surtout que le truc, c'est que les italiens ou les espagnoles devront mettre dans le pot commun après avoir empruntés sur les marchés à 7% pour ensuite recevoir les prêts à 3% alors je ne vois trop bien l'avantage.. Bref encore un truc marke...

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