Mais au fait, qui sont les Spanghero ?

Par Jean-Pierre Gonguet  |   |  591  mots
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Les frères Spanghero ne sont plus ni propriétaires, ni aux commandes de l'entreprise mise en cause dans le scandale de la viande de cheval. Leur nom qui, à leur grand dam, y reste attaché, a marqué toute une époque du rugby français. Portrait des deux plus capés de cette fratrie de six piliers du ballon ovale, Laurent et bien sûr Walter.

Ils ne sont plus aux commandes de l'entreprise de Castelnaudary mise en cause dans le scandale de la viande de cheval, mais leur nom y reste irrémédiablement attaché. Les frères Spanghero. Ils étaient six frères, tous rugbymen, piliers du RC Narbonne. Ce sont Claude et Laurent qui ont crée Spanghero en 1970 et l'ont revendue en 2009. Tous ont donc été biberonnés au ballon ovale, mais les deux plus capés de la fratrie restent indéniablement Claude et le célèbre Walter.

Claude, d'abord. Il fait partie d?une race aujourd?hui (presque) éteinte dans le rugby, celle du «cassoulet-bourre pif». Le deuxième ligne de Narbonne et de l?équipe de France du début des années 70 était doté d?une force et d?une stature peu communes, s?entrainait peu (sauf sur les 3ème mi temps). Il avait surtout des paluches tellement grandes qu?il pouvait tenir le ballon d?une main (à l?époque ils étaient deux fois plus gros, plus lourds et plus glissants que ceux d?aujourd?hui), ce qui lui en laissait toujours une de libre pour avoiner. Il ne fallait pas jouer contre Claude Spanghero, ni contre aucun de ses sept frères qui ont tous joué avec un ballon ovale.

Il faisait peur aux "poètes" de l'Afrique du sud

Son rugby n?était pas celui d?un technicien ou d?un artiste mais celui d?un tueur. Un rugby qui faisait même peur aux poètes d?Afrique du Sud : Claude Spanghero était de cette équipe qui en 1971 en Afrique du Sud avait déclenché l?une des plus grandes bagarres du 20èmesiècle. Un massacre où personne ne jouait le ballon, mais uniquement le bonhomme. Un jeu que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaitre où l?ouvreur tape une chandelle et où tout le monde attend au point où elle tombe pour s?entretuer.

Son frère «Oualtère» Spanghero était plus technique, plus perforant, plus leader d?hommes. Un vrai rugbyman, lui. Il est l?homme qui sortant le visage en sang d?un match a eu le commentaire de fin de match du siècle : « Heureusement que j'avais le nez, sinon, ce coup de poing, je le prenais en pleine gueule! ». Mythique et grande gueule, Oualtère ! Intelligent sur un terrain (il a quand même battu comme capitaine le Pays de Galles meilleure équipe du monde qui à l?époque entassait les grands chelems dans le Tournoi des 5 Nations), mais colérique et exigeant au dehors. Totalement entier. On ne compte plus ses coups de gueule et ses démissions.

Son idole: le général de Gaulle

De la même trempe que son idole, le général de Gaulle, avec le même regard désabusé sur ses congénères, entre cassoulet et déprime. Un personnage étonnant qui ose de temps en temps juger le rugby d?aujourd?hui, trop policé et cadenassé pour lui. Il aimait le bordel des mêlées de l?époque (ou l?on s?affrontait vraiment pour avoir le ballon), la prudence des arbitres qui ne se mêlaient pas des combats d?hommes et les cavalcades des fous furieux de l?arrière. Comme il était dur au mal, il pouvait critique ce dont il ne s?est jamais privé. Et puis il a gagné le premier grand chelem du rugby français en 1968. Le général l?a félicité et Oualtère a été heureux.