Le départ d'Yves Jego provoque des remous en Guadeloupe

Par latribune.fr  |   |  679  mots
Le secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer, Yves Jégo, a précipitamment quitté dimanche soir la Guadeloupe, suscitant l'émoi parmi la population et les élus. Après une rencontre avec le Premier ministre, François Fillon, ce lundi, il a annoncé qu'une réunion de ministres se tiendrait mardi sur la crise qui secoue l'île, où une grève générale dure depuis le 20 janvier.

Le départ, dimanche, d'Yves Jégo, secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer, qui s'était installé en Guadeloupe il y a une semaine pour trouver des solutions à une grève générale entamée le 20 janvier, a créé l'émoi et l'incompréhension dans l'île.

Officiellement, le secrétaire d'Etat a quitté  la Guadeloupe pour des consultations à Paris, auprès de Matignon et de sa ministre de tutelle, Michèle Alliot-Marie. Après une rencontre avec François Fillon ce lundi après-midi, Yves Jégo a annoncé qu'une réunion de ministres aurait lieu ce mardi sur la crise en Guadeloupe. Il s'agit, a-t-il déclaré, de "faire le point de la mise en oeuvre de ces mesures [négociées depuis huit jours, Ndlr] qui vont changer la vie des Guadeloupéens", mais aussi d'examiner le "point de blocage, c'est-à-dire le conflit de travail entre les salariés et les employeurs, puisque le dernier point qui bloque ne concerne pas l'Etat, c'est un conflit entre salariés et employeurs".

Le départ du secrétaire d'Etat est intervenu alors qu'un préaccord a été signé dimanche matin par le patronat guadeloupéen et le collectif "Liyannaj Kont Pwofitasyon" ("collectif contre l'exploitation outrancière"), actant une augmentation des bas salaires de 200 euros net. Or, pour financer cette augmentation, les représentants du patronat ont demandé à l'Etat des exonérations de charges à hauteur de 108 millions d'euros, sur l'impôt sur les sociétés et la taxe professionnelle.

"Il faut que nous fassions des montages techniques, que je fasse travailler les techniciens de mon ministère, que je fasse la liaison entre Bercy, mon ministère et le Premier ministre", avait expliqué lundi Yves Jégo sur Europe 1. "Nous allons accélérer la mise en place des zones franches d'activité. Ça va dégager des marges de manoeuvre pour l'économie, les entreprises se porteront mieux et elles pourront apporter une réponse sociale", avait-il dit. Le secrétaire d'Etat est resté imprécis sur les délais : il a parlé d'élaborer une solution "en cinq ou six jours" avant de promettre un retour en Guadeloupe "dans les heures qui viennent".

L'émoi est très vif en Guadeloupe. Ce départ "a été un grand choc pour nous", a expliqué dimanche soir Jacques Gillot, président du conseil général et sénateur (apparenté socialiste) de la Guadeloupe, qui a réitéré lundi matin l'appel à une "journée île morte", lancé la veille au soir, au nom de "tous les élus guadeloupéens", par le président de l'Association des maires, Jean-Claude Malo. Ce dernier avait appelé maires et présidents de collectivités territoriales "à fermer leurs mairies et services" pour protester contre "le mépris" que constitue, selon lui, le départ soudain d'Yves Jégo.

La députée de Guyane Christiane Taubira (PRG) a affirmé lundi que "les conditions dans lesquelles le secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer" a quitté" dimanche la Guadeloupe "sont vécues comme une humiliation". "Il s'en va sans préavis après avoir dit qu'il se délocalisait en Guadeloupe le temps qu'il faudrait, ça ressemble à un pied de nez aux dizaines de milliers de Guadeloupéens qui manifestent ", a déclaré la député sur France Info.

Tout juste sorti de l'avion, Yves Jégo avait déclaré qu'il était revenu en métropole "comme ambassadeur des souffrances de la Guadeloupe" et "pour voir comment soutenir [son] économie pour qu'elle puisse faire face à ses difficultés".

Depuis son installation en Guadeloupe la semaine dernière, Yves Jego a obtenu le gel des loyers des logements sociaux en 2009, une baisse de 10% des prix de 100 produits dans la grande distribution et des baisses de neuf centimes du prix du litre de sans plomb et de 11 centimes pour le gazole. Le conseil général, le conseil régional et l'association des maires ont déjà annoncé 56 millions d'euros de baisses de taxes et de redéploiement de crédits au bénéfice des consommateurs guadeloupéens.