Les violences en Guadeloupe provoquent la mort d'une personne

Par latribune.fr  |   |  829  mots
La Guadeloupe a connu de mardi à mercredi une deuxième nuit de violences et un homme a été tué par balle. Le président Nicolas Sarkozy recevra les élus d'Outre-Mer et les présidents des collectivités locales jeudi.

De mardi à mercredi, pour la deuxième nuit consécutive, les violences se sont multipliées en Guadeloupe entre des bandes de jeunes et les forces de l'ordre, selon plusieurs sources.

Un homme d'une cinquantaine d'années a été tué par une balle tirée "depuis un barrage tenu par des jeunes" à Pointe-à-Pitre, a-t-on appris mercredi matin auprès de la cellule de crise de la préfecture de la Guadeloupe.

La victime, Jacques Bino, qui a été tué alors qu'il se trouvait à bord d'une voiture dans la cité Henri IV, une zone sensible du quartier Chanzy, était un syndicaliste. L'autre passager de la voiture, Peter O'Brien, sain et sauf, a été entendu mercredi matin par les policiers chargés de l'enquête.

Peter O'Brien revenait avec Jacques Bino d'un piquet de grève au palais de la Mutualité, où siège le collectif contre l'exploitation (LKP). Les deux hommes avaient choisi, pour éviter les barricades qui parsèment les routes autour de Pointe-à-Pitre, "de passer par des chemins de traverse", a rapporté le procureur.

"Ce ne sont pas des balles perdues" a souligné le procureur de Pointe-à-Pitre, Jean-Michel Prêtre, mercredi après-midi. Il n'y avait "pas de forces de police positionnées à proximité" au moment des tirs, a également indiqué le procureur.

Il n'a pas exclu l'hypothèse selon laquelle, compte-tenu de leur âge, les deux hommes auraient pu être confondus avec des policiers circulant en voiture banalisée par les bandes de jeunes qui tenaient les barricades autour de la cité Henri-IV.

Les pompiers et policiers qui ont tenté d'atteindre les lieux ont été caillassés, ce qui a retardé l'arrivée des secours.

La cellule de crise de la préfecture a établi un bilan des affrontements de la nuit de mardi recensant 15 commerces pillés, 7 établissements incendiés, 21 véhicules brûlés, 13 interpellations et une soixantaine d'interventions de pompiers.

Certains magasins appartenant au groupe martiniquais béké Groupe Bernard Hayot (GBH) ont été pillés ou brûlés, dont un magasin à l'enseigne Carrefour et une concession Renault.

Elie Domota, leader du collectif LKP, a, dans un entretien au quotidien Libération ce mercredi, imputé l'embrasement de l'île à l'Etat, l'accusant de faire "venir des charters de gendarmes pour casser du nègre".

"Nous avons toujours lancé l'appel au calme, nous avons toujours dit aux jeunes de ne pas mettre leur vie en danger ni celle de quiconque", a réaffirmé Elie Domota ce mercredi matin sur RTL. "Mais je crois que tout a commencé hier lorsque les gendarmes sont venus tabasser les manifestants en les insultant avec des propos racistes", a-t-il ajouté.

Les réactions du gouvernement

Côté gouvernement, "le message, c'est d'abord de lancer un appel au calme", a insisté Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, ce mercredi matin sur Europe 1. "La place des uns et des autres, elle est davantage autour de la table que sur les barricades", a-t-il poursuivi. "La volonté du gouvernement, c'est de faire aboutir la médiation qui a lieu en ce moment entre les partenaires sociaux", a-t-il déclaré.

Yves Jégo, le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer a annoncé ce mercredi qu'il jugeait possible "avant la fin de la semaine" un accord sur l'augmentation des salaires, noeud du conflit qui agite l'île.

Alors que le conflit guadeloupéen menace de se diffuser dans les autres DOM, Nicolas Sarkozy s'est impliqué hier pour la première fois directement. Un communiqué de l'Elysée a annoncé que le chef de l'Etat recevrait les parlementaires des DOM et les présidents des collectivités locales jeudi à 18 heures, afin de "faire le point" sur la situation de ces départements "dans le contexte de la crise économique".

Des renforts de gendarmerie, promis par le gouvernement, arriveront mercredi soir sur l'île, a annoncé de son côté la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, à l'issue d'une première réunion qui deviendra désormais quotidienne sur la crise en Guadeloupe. Quatre escadrons, soit environ 280 hommes, viendraient s'ajouter aux 1.700 membres des forces de l'ordre déjà présents.

Par ailleurs, le Premier ministre, François Fillon, a présenté ce mercredi en Conseil des ministres un décret créant un conseil interministériel de l'Outre-mer. Cette instance, placée sous l'autorité du chef de l'Etat, permettra de coordonner et d'arbitrer les grandes questions concernant l'Outre-mer, a déclaré le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel. Elle pourrait se réunir dans les prochains jours.

Réponse du gouvernement aux mouvements sociaux qui se déroulent aux Antilles, ce conseil est également une promesse que Nicolas Sarkozy avait faite lors de sa campagne présidentielle.

Les leaders de la CGT, de la CFDT et de FO se sont de leur côté mis d'accord pour "exiger" que le sommet social de ce mercredi à l'Elysée aborde la crise sociale en Guadeloupe, selon le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque.