Guadeloupe : le Medef ne veut pas signer l'accord salarial partiel

Par latribune.fr  |   |  693  mots
Un accord sur une augmentation des salaires de 200 euros en Guadeloupe a été signé entre le LKP et deux organisations patronales, mais pas le Medef. Ces deux organisations minoritaires représentent environ 17.000 salariés (sur 85.000). Les négociations devront donc se poursuivre afin d'amener l'ensemble des acteurs à signer le texte. Le Medef local prévient qu'il ne signera pas.

C'est un premier pas qui peut laisser envisager enfin la fin du mouvement de grève qui a débuté maintenant depuis plus de cinq semaines en Guadeloupe. Un accord sur une augmentation des salaires de 200 euros a été signé dans la nuite de jeudi à vendredi entre le LKP ( le collectif à l'origine de la grève qui a débuté le 20 janvier) et deux organisations patronales mais pas le Medef, a annoncé la Direction départementale du travail.

L'accord entrera en vigueur le 1er mars et concerne dans l'immédiat une minorité de salariés puisque les dernières négociations ont été boycottées par les représentants de quatre organisations patronales dont le Medef et la CGPME qui ont invoqué des problèmes de sécurité. Lors de la précédente réunion, la veille, le chef de file du LKP Elie Domota et le président du Medef local Willy Angèle avaient en effet eu un échange de mots particulièrement vif.

L'accord a été signé par les syndicats et deux organisations patronales, l'Union des chefs d'entreprise de Guadeloupe et le collectif des entrepreneurs, a précisé Urbain Arconte, directeur adjoint de la Direction départementale du travail. Ces deux organisations minoritaires représentent environ 17.000 salariés et les négociations devront donc se poursuivre afin d'amener l'ensemble des acteurs à signer le texte, a déclaré le préfet de Guadeloupe Nicolas Berthelot. "Cet accord a encore une base étroite et il faut encore l'élargir puisqu'il ne concerne pour l'instant que 15.000 à 17.000 salariés sur 85.000", a-t-il dit sur France Info.

Le texte prévoit une augmentation de 200 euros des bas salaires, conforme aux revendications du "collectif contre l'exploitation", grâce à un montage incluant les participations de l'Etat, du patronat et des collectivités locales.

Il concerne les salariés qui touchent jusqu'à 1,4 smic par mois (environ 1.400 euros). Pour les autres salariés, une augmentation de 6% sera négociée dans chaque branche, a déclaré à Reuters Henry Berthelot, secrétaire général de la CFDT locale. Le gouvernement soucieux de débloquer enfin la situation en Guadeloupe, paralysée depuis cinq semaines, avait fait sa première concession financière mercredi en annonçant qu'il prenait en charge une augmentation de 80 euros pour la période 2009-2011. Il a finalement porté sa contribution à 100 euros, soit la moitié de la somme obtenue par les syndicats.

Les organisations patronales présentes ont accepté une augmentation des salaires de 50 euros exonérée de charges, tandis que les collectivités locales contribueront pendant une année non reconductible à hauteur de 50 euros également.

Le texte portera le nom d'"Accord Bino", en hommage au syndicaliste tué par balles dans la nuit du 17 au 18 février dans le cadre des émeutes qui ont émaillé le mouvement de contestation sociale, a fait savoir le LKP.

Urbain Arconte a précisé que l'accord ne concernera dans un premier temps que les salariés des entreprises affiliées aux organisations signataires. Le Medef, la CGPME, la fédération du bâtiment et les Petites et moyennes industries (MPI), absentes jeudi soir, ne l'ont pas ratifié. "Comme il s'agit d'un accord a minima, je pense qu'il n'y aura pas de difficultés pour qu'ils signent", a dit à Reuters Henry Berthelot. Le texte pourrait faire l'objet d'un arrêté d'extension du ministère du Travail afin de s'appliquer de façon réglementaire à toute la Guadeloupe si ces organisations ne le signaient pas.

Cette hypothèse de non-signature semble se confirmer ce vendredi soir. Willy Angèle, président de l'antenne guadeloupéenne du Medef - qui dénonce des atteintes à la sécurité de la part du leader du LKP -, a affirmé  que son organisation et sept autres fédérations patronales (CGPME, UPA, organisation des transports, du BTP, du tourisme et de l'industrie soit selon elles 90% des salariés de Guadeloupe) ne signeraient pas. Il estime que l'accord conclu l'a été entre "le LKP et des organisations patronales minoritaires qui sont très proches du LKP" et veut négocier autour de sa proposition d'accord interprofessionnel "qui est sur la table depuis lundi".