Le débat continue sur les suppressions d'emplois en France

Par Olivier Provost  |   |  655  mots
L'affaire Amora s'est ajoutée à celles de Sony, Total et Continental où après de fortes tensions, la reprise du travail a été décidée.

Le climat social s'est durci en France ces derniers jours alors que les syndicats mobilisaient dans le public et dans le privé ce jeudi 19 mars, dans la foulée de leur précédent mouvement du 29 janvier qui avait été très suivi (plus d'un million de participants selon la police, 2,5 millions selon les syndicats).

Les annonces des suppressions de postes chez Total, de la fermeture de l'usine du groupe allemand de pneumatiques Continental à Clairoix dans l'Oise qui emploie plus de 1.100 salariés où la séquestration du patron de Sony France dans l'usine des Landes qui doit fermer ont été autant de signes de cette crispation.

Lundi, la réunion du comité central d'entreprise (CCE) de Continental à Reims, a été interrompue par des jets d'oeufs et de projectiles. La réunion portait sur des questions posées fin 2008 et non sur la fermeture du site de Clairoix. La directiona du coup refusé de reprendre la réunion, estimant que sa sécurité n'était pas assurée. Mardi, le retour au calme s'est dessiné avec le vote d'environ 400 salariés en faveur d'une reprise du travail sous conditions, sachant que les jours de grève étaient payés jusqu'à lundi soir.

Autre tension dans les usines de Dijon et d'Appoigny, dans l'Yonne du groupe Amora-Maille, filiale du géant anglo-néerlandais Unilever, qui ont  été bloquées lundi par des salariés grévistes. Ces derniers dénonçaient les dernières propositions de la direction concernant le "plan de sauvegarde de l'emploi" (PSE) qui prévoit le reclassement de 32 salariés sur les 244 suppressions d'emplois.
 

Les récents chiffres de l'emploi et donc du chômage, actuel et prévu pour les mois à venir, alimentent ce climat social fait d'inquiétudes et de tensions. Les responsables des ressources humaines des grandes entreprises sont à la peine, entre nécessité de réduire les effectifs et tentative pour conserver le personnel qualifié dans l'espoir d'une reprise fin 2009 ou courant 2010.

Les responsables politiques réagissent en ordre dispersé face à cette situation, parfois en dénonçant les entreprises qui suppriment des postes... avant de souligner la dureté de la crise économique et la nécessité pour les sociétés de s'adapter afin de ne pas disparaître ou de délocaliser massivement. Le gouvernement a tenté d'arracher des engagements aux sociétés bénéficiant des aides de l'Etat face à la crise, banques, constructeurs automobiles, sans que le caractère contraignant de ces demandes soit totalement avéré.

François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT, invité du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, a indiqué qu'après journée de mobilisation du 19 mars, les syndicats français avaient d'autres mouvements en perspective. Evoquant le mouvement prévu ce jeudi, il a déclaré: "je pense que le mouvement sera important, et que le gouvernement sera obligé de donner d'autres réponses ou au moins de compléter celles qu'il a apportées". Car le gouvernement a annoncé qu'il ne débloquerait aucune enveloppe supplémentaire aux mesures annoncées au "sommet social" du 18 février, mesures chiffreés à 2,6 milliards d'euros. S'il restait sur la même ligne, "il faudra trouver des solutions" a souligné François Chérèque.

Et ce mardi, la présidente de la grande association patronale le Medef a pris la défense de Total estimant sa décision de supprimer des postes "fondée et même responsable: il observe des évolutions majeures sur certains marchés et anticipe au mieux les ajustements qu'il convient de faire". Elle a reconnu que certains chefs d'entreprise se sont étonnés lors du dernier comité exécutif du Medef lundi "des erreurs de communication de grands groupes, qui ont une responsabilité particulière envers leurs salariés" mais ajouté "sur Total, je pense ce que ce n'est pas la communication qui a manqué, c'est la pédagogie".