Patrons séquestrés, rémunérations contestées : les dirigeants sur la sellette

Par latribune.fr  |   |  593  mots
Comme l'avait connu le patron de Sony France, le directeur de la société de chimie et pharmacie 3M implantée à Pithiviers, dans le Loiret, a été retenu par les salariés qui l'ont libéré ce jeudi. Ils dénoncent le plan social et exigent des indemnités de départ accrues. La polémique sur la rémunération des dirigeants n'en finit pas d'enfler avec l'affaire Cheuvreux qui s'ajoutent à celles de Valeo et de la Société Générale.

Après le patron de Sony France retenu pendant plusieurs heures récemment par les salariés en colère de l'usine des Landes qui doit fermet, c'est au tour du directeur de la société de chimie et pharmacie 3M implantée à Pithiviers, dans le Loiret, d'avoir été victime de l'actuelle crispation des tensions sociales en France.

Il a en effet été retenu de mardi après-midi à ce jeudi matin (il vient d'être libéré) dans son bureau par les salariés. Ces derniers exigaient "une renégociation" des modalités de départs, notament des indemnités accrus une prime de transfert, un congé de mobilité de 24 mois, selon le syndicat Force Ouvrière (FO). Le sous-préfet s'est rendu sur les lieux mercredi matin afin de participer aux négociations et de permettre la libération du dirigeant.

Cette usine qui emploie 235 salariés, fait l'objet d'un plan, annoncé en décembre 2008, de suppression de 110 postes et de transfert de 40 autres dans une société qui doit s'implanter à Pithiviers, courant 2009. La direction explique ces mesures par "une baisse constante de la demande de ses clients qui entraîne une surcapacité de production".

La fermeture annoncée de l'usine du groupe allemand Continental à Clairoix, près de Compiègne, qui emploie quelque 1200 salariés alors que ces derniers avaient conclu un accord avec la direction un accord d'augmentation du temps de travail afin de sauver leurs postes, a également suscité l'émotion. D'ailleurs, les employés de Continental manifestent ce mercredi à Paris.

L'annonce par Total de 555 suppressions d'effectifs dans sa branche pétrochimie alors que le groupe a dégagé un bénéfice de 13 milliards d'euros en 2008 avait en outre alimenté les critiques à l'égard des plans sociaux.

Ces affaires s'ajoutent à la polémique qui rebondit sur la rémunération des dirigeants, a fortiori quand l'entreprise supprime des effectifs ou reçoit de l'argent de l'Etat pour tenir face à la crise. Elle a éclaté avec la question des stock-options de la Société Générale auxquelles les dirigeants ont fini par renoncer sous la pression, notamment de Nicolas Sarkozy.

Elle a continué avec l'affaire du "parachute doré" du patron licencié de Valeo, Thierry Morin, censé partir avec 3,2 millions d'euros alors que le groupe doit supprimer 5000 postes dont 1500 en France.

Ce mercredi, c'est l'affaire des bonus chez Cheuvreux, la filiale de courtage de Calyon, la banque de financement et d'investissement du crédit Agricole, qui fait jaser alors que la société doit supprimer des postes.

Ultimatum

Et parallèlement, l'Elysée a réclamé à la grande organisation patronale le Medef et à l'Afep, l'association française des entreprises privées qui réunit les plus grands groupes du CAC 40, une réponse sur cette question des rémunérations des dirigeants dans les quinze jours. La présidente du Medef, Laurence Parisot, a d'abord dit non à cet ultimatum - c'en est bien un, comme l'a rappelé ce mercredi le conseiller et la plume du président de la république, Henri Guaino - avant de céder. Elle doit s'exprimer aujourd'hui sur le sujet devant les députés de la Commission des lois.

Cette polémique n'est pas spécifique à la France. Les Etats-Unis viennent de connaître un scandale retentissant en la matière avec les bonus à 165 millions de dollars pour les dirigeants et ex dirigeants du grand assureur AIG, victime d'une perte annuelle de près de cent milliards de dollars et renfloué par des fonds publics en plusieurs fois à hauteur de 170 milliards de dollars.