Taxe carbone : 17 euros la tonne, tranche Nicolas Sarkozy

Par latribune.fr  |   |  1003  mots
Le président de la république, Nicolas Sarkozy, a tranché : la taxe carbone, qui entrera en vigueur dès 2010, est fixée initialement à 17 euros la tonne de CO 2 et ne concernera pas l'électricité. L'UMP applaudit, les socialistes et les Verts ne sont pas convaincus.

Le chef de l'Etat vient d'annoncer ce jeudi que la taxe carbone, qui entrera en vigueur dès 2010, sera fixée initialement à 17 euros la tonne de CO2 et qu'elle frappera le pétrole, le gaz et le charbon. Cela représente une hausse de 4,5 centimes par litre de fioul et de gasoil et de 4 centimes par litre d'essence. Le niveau de cette taxe aura vocation à s'élever progressivement.

La taxe carbone ne frappera donc pas l'électricité parce qu'elle émet "très peu de CO2" et ne visera que les énergies fossiles, a précisé Nicolas Sarkozy.

Cette taxe sera universelle et payée par tous les consommateurs d'énergie. Il s'agit, selon le chef de l'Etat, "d'inciter les ménages et les entreprises à modifier progressivement les comportements" et à préserver l'environnement.

La création de la taxe carbone s'accompagnera en outre d'une compensation pour tous les ménages français, sous forme d'une réduction d'impôt sur le revenu ou d'une "chèque vert" pour les foyers non imposables. Cette compensation, pour un ménage avec deux enfants, sera de 112 euros en zone urbaine et de 142 euros en zone rurale. Une "commission indépendante" sera créée pour garantir la transparence "totale" sur les compensations.

François Fillon, Premier ministre, a annoncé que les français toucheront cette compensation en février. Sur TF1, il a déclaré : "pour ceux qui paient l'impôt sur le revenu, ils auront une diminution de leur impôt dès février. Pour ceux qui n'en paient pas, ils recevront un chèque vert (...) dès le mois de février".

Les porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre et Dominique Paillé, ont affirmé qu'"en annonçant la création de la taxe carbone", Nicolas Sarkozy "invite les Français à une véritable révolution des comportements". "Oui, il s'agit de pénaliser les comportements irrespectueux de l'environnement", écrivent-ils dans un communiqué. "Oui, il est indispensable de prévoir une compensation pour tout le monde et plus importante pour ceux qui n'ont pas le choix", précisent-ils. "Non, l'Etat ne gagnera pas un centime dans cette affaire. Non, ce n'est pas une augmentation d'impôt mais une réorganisation de l'impôt".

Selon eux, Nicolas Sarkozy, "à la fois courageux et pragmatique", a "fait le choix de l'honnêteté en respectant ses engagements, contrairement à (Ségolène) Royal qui fait peu de cas de sa propre signature" du pacte de Nicolas Hulot en 2007. Il a aussi "fait le choix de la clarté en disant tout aux Français et le choix de la progressivité en retenant un montant ni trop haut, ni trop bas", affirment-ils.

En revanche, Cécile Duflot, chef de file des Verts, s'est dite, sur France 2, "un peu déçue" par les annonces du chef de l'Etat mais "il l'a dit lui-même, c'est le service minimum". "Je ne comprends pas, en tant qu'écologiste, pourquoi il n'y a pas les actes qui sont à la hauteur de ce qui semble être une réelle prise de conscience" des enjeux écologiques. "C'est un vrai sujet d'étonnement et d'interrogation".

Selon Cécile Duflot, "il y a un certain nombre d'avancées mais il y a surtout un vrai problème, c'est que l'électricité ne fait pas partie de ces annonces, c'est que le produit de cette taxe n'est pas affecté aux économies d'énergie". Le chef de l'Etat "est resté au milieu du torrent et quand on est au milieu du torrent, on risque d'être emporté (...) Il a bien parlé de la crise climatique, de l'ultimatum qui pèse sur nous et sur les générations futures, donc on a l'obligation quand on est responsable politique d'être à la hauteur de ces enjeux et c'est très dommage que Nicolas Sarkozy ait raté ce rendez-vous".

Côté socialiste, Laurence Rossignol, secrétaire nationale du PS à l'Environnement, a vivement critiqué les annonces du chef de l'Etat : "le dispositif a tous les inconvénients d'une nouvel impôt et aucun des avantages d'une fiscalité écologique (...) Il n'est pas conforme à ce que le président de la république avait dit".

Pour elle, Nicolas Sarkozy "avait dit que la totalité du produit serait redistribuée. Ce n'est pas le cas. Il n'en distribue que la moitié, c'est-à-dire que la part liée aux quotas vient abonder le déficit public". Par ailleurs, "les gros pollueurs sont exclus. C'est avant tout les particuliers qui contribuent". "C'est de l'arrosage fiscal, c'est très injuste. Un contribuable déjà bénéficiaire du bouclier fiscal et des diverses niches fiscales, bénéficiera du même crédit d'impôt qu'un ménage de smicards", affirme Laurence Rossignol.

"C'est écologiquement inefficace. La vigueur qu'a mise le président de la république à exclure l'électricité du dispositif n'incite pas à la sobriété énergétique dans laquelle nous devrions aller", a-t-elle poursuivi. "Voilà comment on gâche une belle idée".

Enfin, le président du Mouvement Démocrate (MoDem), François Bayrou, a estimé que les propositions de Nicolas Sarkozy sur la taxe carbone étaient "très injustes socialement et écologiquement", dénonçant son choix de ne pas y inclure l'électricité. "C'est une dangereuse injustice de traiter différemment les ménages qui se chauffent au gaz ou au fioul et ceux qui se chauffent à l'électricité (...) Depuis des années, on a incité les familles à se convertir au chauffage au gaz et de renoncer chaque fois qu'elles le pouvaient au chauffage électrique", a-t-il fait valoir.

Sur France 2, le ministre du Développement durable, Jean-Louis Borloo, a déclaré que la mise en place de la taxe carbone a pour but de permettre aux Français de se préparer à l'après-pétrole. "Cela aurait été plus facile d'éviter ce débat mais on n'a pas le temps. Il faut que les Français puissent se préparer à cet après-pétrole, et à ce monde du changement climatique qui est redoutable".