Un "lac de lait" versé devant la Commission européenne à Bruxelles

Par latribune.fr  |   |  488  mots
Des agriculteurs ont déversé ce lundi des milliers de litres de lait dans un étang bâché, en plein quartier européen de Bruxelles, pour protester contre les prix trop bas du lait, alors que la grève des producteurs entre dans son onzième jour. En France, les éleveurs ont multiplié les rassemblements devant les laiteries et les préfectures.

Alors que la grève européenne du lait entre dans son onzième jour, des agriculteurs de l'EMB (Fédération européenne des producteurs de lait, 100.000 producteurs) ont ouvert ce lundi, en plein quartier européen de Bruxelles, les vannes de trois citernes de lait et déversé plusieurs milliers de litres dans un petit étang bâché entouré de bottes de paille, pour protester contre les prix trop bas du lait.

Dans une lettre qu'il entendait remettre ce lundi au président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, le président de l'EMB, l'allemand Romuald Schaber, a demandé à être reçu "dans les prochains jours" afin d'exposer les propositions des producteurs laitiers.

Dix-neuf pays pour une nouvelle régulation du marché

L'EMB, qui a jugé insuffisantes les dernières propositions de la commissaire européenne à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel, demande pour résoudre la crise des producteurs de lait une réponse coordonnée "au niveau européen", alors qu'aujourd'hui Bruxelles s'en remet à chaque pays pour soutenir les agriculteurs.

Parallèlement, la Pologne s'est prononcé ce lundi pour la signature d'un projet de texte franco-allemand appelant à une nouvelle régulation du secteur pour accompagner la suppression des quotas. Les ministres de l'agriculture français, Bruno Le Maire, et polonais, Marek Sawicki, ont  annoncé à Varsovie avoir signé un accord en ce sens. Ce sont désormais 19 pays membres de l'Union européenne (UE) qui sont favorables à ce texte.

Rassemblements devant les laiteries et les préfectures

En France,  ce lundi, les éleveurs ont privilégié les rassemblements devant les laiteries, accusées de minimiser l'impact du mouvement.

"On contrôle pacifiquement les entrées et sorties de camions, on regarde les bons de livraison, combien ils ramassent de lait, pour voir l'impact de notre grève", a expliqué à l'AFP Marcel Biard, administrateur national de l'Organisation des producteurs laitiers (OPL, branche lait de la Coordination rurale). Le 18 septembre, Brunon Le Maire avait fait mention d'une baisse de collecte de l'ordre de 10%.

Les éleveurs visent "notamment" les camions étrangers, pour vérifier que les laiteries ne sont pas en train de procéder à des importations pour compenser la baisse de la production française, a expliqué en Normandie Jean-Marc Painblanc, de l'Apli (Association des producteurs laitiers indépendants, co-organisateur de la grève avec l'OPL).

Plusieurs centaines de producteurs équipés de tracteurs ont par ailleurs bloqué la préfecture de la Loire, à Saint-Etienne, et les sous-préfectures de Roanne et Montbrison, et déversé en divers endroits des milliers de litres de lait. Des actions du même ordre ont été signalées dans le Rhône, l'Isère, le Lot-et-Garonne, la Dordogne.

Le mouvement se poursuit également en Belgique et en Suisse. Les producteurs de lait suisses ont immobilisé une centaine de tracteurs devant l'une des principales centrales laitières du pays à Estavayer-le-Lac, dans le canton de Fribourg, a-t-on appris auprès des organisateurs.