Plus de 2,1 millions de votants à la consultation populaire sur La Poste

Par latribune.fr  |   |  482  mots
Ce sont 2.123.717 votants qui ont participé à la "votation citoyenne" sur le changement de statut de La Poste organisée par plusieurs partis de gauche, syndicats et associations. Le "non" à la "privatisation" l'emporte à plus de "90%". Ce lundi, plusieurs membres de la majorité ont manifesté leur colère face à un vote "tronqué", rappelant que malgré son changement de statut programmé, l'entreprise resterait à "100% publique".

La consultation populaire sur le statut de La Poste achevée samedi a rassemblé quelque 2.123.717 votants, ont annoncé ce lundi les organisateurs - en tout une soixantaine de partis de gauche, associations et syndicats.

Les résultats ont été comptabilisés et validés lundi en milieu de matinée par les comités locaux et départementaux, a annoncé Jean Souleil, un des porte-parole du comité organisateur à la presse.

Plus de 90% des votants ont voté "non" à la question qui leur était posée : "Le gouvernement veut changer le statut de La Poste pour la privatiser, êtes vous d'accord avec ce projet ?"

"Une tricherie"

Le ministre du Budget, Eric Woerth, a dénoncé ce lundi "un vote tronqué, une tricherie", dans la mesure où il est demandé aux participants s'ils acceptent la privatisation de La Poste que souhaiterait le gouvernement, ce que ce dernier dément. "La question est un mensonge. Le gouvernement veut évidemment que La Poste reste à 100% publique", a-t-il déclaré sur Europe 1.

Le ministre a rappelé que la Caisse des dépôts (CDC), structure publique, apporterait une partie des 2,5 milliards dont a selon lui besoin l'entreprise "pour affronter la concurrence". La Poste doit en effet être transformée en société anonyme à capitaux publics le 1er janvier 2010. Un projet de loi en ce sens, programmé au Parlement à l'automne, prévoit une augmentation du capital de l'entreprise de 2,7 milliards d'euros, dont 1,5 milliard via la CDC.

"C'est de la fausse démocratie. On bourre les urnes avec des informations mensongères", a lancé sur LCI l'ancien Premier ministre UMP Jean-Pierre Raffarin à l'adresse des organisateurs du scrutin

Pour le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, la "votation" ne débouchera pas sur un référendum d'initiative populaire dans la mesure où le texte sur le changement de statut de La Poste sera adopté par le Parlement avant celui mettant en place le référendum.

Les organisateurs de cette votation réclament de fait l'organisation d'un référendum national sur le changement de statut de La Poste, ce que permet, sous certainces conditions, la réforme constitutionnelle de juillet 2008 qui a introduit la notion de "référendum d'initiative populaire". Si ce n'est que le décret d'application correspondant à cette disposition n'a pas encore été publié.

Le projet de loi au Sénat le 2 novembre

Le calendrier risque d'autant plus d'être serré que le ministre des Relations avec le Parlement, Henri de Raincourt, a annoncé ce lundi que le projet de loi sur la réforme de la Poste sera examiné à partir du 2 novembre au Sénat. Il pourrait passer à l'Assemblée nationale la semaine du 14 décembre.

Par cette "mobilisation civique", la société française "s'envoie à elle-même un signal, c'est très important aujourd'hui où règne une idéologie dominante", a estimé le sénateur du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon.