Le gouvernement entend "interdire" les plans sociaux visant les seniors

Par Sara Sampaio  |   |  413  mots
Alors que le chantier de la réforme des retraites est ouvert, le ministre du Travail Xavier Darcos, invité ce mardi de RMC, a émis la possibilité d'imposer par la loi l'interdiction des "plans sociaux qui s'appuient sur le départ prématuré des seniors". D'autant que les défaillances d'entreprises augmentent et que le Medef affiche ses craintes pour plusieurs secteurs.

"Nous prévoyons d'interdire des plans sociaux qui s'appuient sur le départ prématuré des seniors", a déclaré ce mardi sur RMC le ministre du Travail Xavier Darcos. "L'emploi des seniors est une des clés de la retraite", a expliqué le ministre pour défendre cette proposition.

Le gouvernement entend en effet réformer cette année les retraites. Un texte de loi sera présenté sur ce dossier à l'automne au Parlement, a annoncé lundi le chef de l'Etat, qui ne cache pas qu'il privilégie comme solution au déficit du système de retraite l'avancement de l'âge de départ ou l'augmentation de la durée de cotisation

Le sujet de l'emploi des seniors est d'autant plus d'actualité que le groupe pharmaceutique Sanofi-Aventis vient de proposer à une partie de ses salariés "une forme de préretraite à 55 ans". Le groupe a engagé une restructuration destinée à lui faire économiser 2 milliards d'euros en 2013 par rapport à 2008. Selon la CGT, le groupe supprime en France quelque 3.000 emplois directs, dont 1.300 en recherche et développement.

Le faible taux d'emploi des seniors, une maufaise affaire pour l'Etat

"La solution qui consiste à faire partir les gens très tôt n'est pas bonne pour eux, pour l'entreprise, ni pour les retraites", a déclaré le ministre du Travail. "Il faut faire en sorte que les gens puissent travailler jusqu'au bout de leur temps de travail", a-t-il ajouté.

En effet, lorsqu'un senior sort de l'emploi et qu'il touche des indemnités chômage ou une préretraite, il continue de cotiser pour sa retraite (à raison d'un trimestre par 50 jours). Ses cotisations retraite ne sont plus versées par l'employeur mais par l'Etat, ce qui ne contribue pas à réduire les déficits des comptes sociaux. Or en France, le taux d'emploi des seniors est bas : 35,2% seulement des femmes de 55 à 64 ans avaient un emploi en 2005 (48,1% au Royaume-Uni par exemple) et 40,7% des hommes (66% au Royaume Uni), selon les chiffres de l'Observatoire des retraites.

Par ailleurs les Français continuent en moyenne à partir tôt à la retraite, malgré l'allongement progressif de la durée de cotisation déjà prévu par la réforme de 2003. Cette mesure n'a pas eu "un effet suffisant sur les comportements", de l'aveu même de l'instigateur de ladite réforme, l'actuel Premier ministre François Fillon. Ces jeunes retraités non seulement ne cotisent plus, mais en plus touchent leur retraite, là encoreune bien mauvaise affaire pour les comptes de l'Etat...