Stress au travail : l'opération médiatique du ministère ne fait pas l'unanimité

Par latribune.fr  |   |  478  mots
Après la publication jeudi d'une liste attribuant bons et mauvais points aux entreprises en fonction de des actions menées contre le stress au travail, certaines d'entre elles ont réagi. Les avis sont par ailleurs partagés sur la méthode du "name and shame" (nommer et faire honte), adoptée par le ministère du Travail.

La liste des entreprises vertueuses et moins vertueuses en matière de lutte contre le stress au travail a fait du bruit, jeudi, après sa publication en ligne par le ministère du Travail , sur le site travailler-mieux.gouv.fr.

Pour le ministre du Travail, Xavier Darcos, les entreprises françaises "ont joué le jeu"  en acceptant de déclarer les démarches entreprises dans ce domaine. Le "name and shame" [nommer et faire honte, Ndlr] a des conséquences sur leur image", a-t-il dit.

Les listes seront actualisées chaque mois. "Je suis persuadé que la transparence suffira, qu'il serait inutile de créer une taxe", a-t-il également indiqué ce vendredi.

Soupe à la grimace

Du côté des entreprises, c'est parfois la soupe à la grimace. Picard et GSK (étiquetés en rouge, parmi les entreprises qui n'on rien fait ou qui n'ont pas répondu au questionnaire du ministère) ont assuré prévoir d'engager en mars des négociations.

"Les négociations [...] démarreront en mars 2010, même si le groupe a déjà évoqué ce sujet à plusieurs reprises avec les partenaires sociaux", s'est défendu Picard dans un communiqué. Le "sujet est trop sensible pour être traité dans la précipitation et se cantonner à des effets d'annonce", a également estimé le groupe.

Labeyrie s'est étonné de figurer dans cette catégorie alors que le groupe agroalimentaire a lancé un plan d'actions.

Beaucoup d'entreprises qui figurent en rouge "assument" de ne rien faire contre le stress au travail, a noté le ministre.

Bienfaits et méfaits de la médiatisation

"Cette opération médiatique ne pourra laisser les entreprises dans un repli sur soi, d'autant que ce n'est pas simplement un classement : cela peut donner une indication à un juge" en cas de procédure pénale, a souligné le directeur général du cabinet de conseil Technologia, Jean-Claude Delgènes.

L'Anact (Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail) a pour sa part mis en garde contre la "précipitation" que pourrait engendrer cette notation des "bons et mauvais élèves", précipitation qui pourrait conduire à "des accords un peu vides" ou "sans réflexion sur la situation propre à l'entreprise".

Pour le mouvement Ethic et sa présidente Sophie de Menthon, oui aux efforts du ministère pour promouvoir des accords sur le stress au travail au sein des entreprises, non à la "publication de listes". "A-t-on pensé [...] aux clients que l'on risque de faire fuir, y compris hors de nos frontières ?", déclarait le mouvement dans un communiqué du 8 février.

Selon le site travailler-mieux.gouv.fr, 45% des 1.500 grandes entreprises françaises (plus de 1.000 salariés) sont classées en rouge, 35% en orange (elles ont engagé une ou plusieurs réunions de négociations ou de discussions), et 20% en vert (elles ont signé un accord de fond ou de méthode).