Mais quand est-ce que le chômage va baisser en France ?

Par latribune.fr  |   |  661  mots
Au sens du BIT, le taux de chômage a atteint 9,6% au quatrième trimestre 2009, et 10% en comptant l'outre-mer, selon l'Insee. C'est son plus haut niveau depuis dix ans. Le chômage masculin des 15-24 ans atteint un record depuis 1975 en métropole. Seule bonne nouvelle, le taux d'emploi des seniors a progressé.

La question peut légitimement agiter les esprits : mais quand est-ce que le chômage va baisser en France ? Au contraire, il atteint des sommets. Et pourtant, on parle de plus en plus de sortie de crise. Le gouvernement prévoit une croissance pour cette année de 1,4%, certes limitée mais non négligeable tout de même. Et récemment, les professionnels de l'interim, réunis au sein de leur association le Prisme, ont indiqué avoir enregistré en février la première hausse de leur marché depuis vingt mois. Un "frémissement" de +2% à +3% (après de fortes chutes en 2008 et en 2009) mais ne dit-on pas que l'intérim est un indicateur avancé de conjoncture et du marché de l'emploi ?

Et pourtant, jeudi, on a appris que le taux de chômage en France, au sens du Bureau international du Travail (BIT), a augmenté de 0,5 point à 9,6% au quatrième trimestre, avec 2,727 millions de chômeurs, selon les données corrigées (CVS) provisoires de l'Insee. En incluant les départements d'outre-mer, il atteint le cap symbolique des 10%, contre 9,5% au troisième trimestre, soit son niveau le plus élevé depuis le quatrième trimestre 1999 quand il était à 10% également.

Sur un an, le taux de chômage a augmenté de 1,8 point en métropole, et celui des 15-24 ans s'est accrû de 3,4 points pour atteindre 24% (contre 23,7% au troisième trimestre).

L'Insee ne publie plus de taux de chômage mensuel depuis 2006, après une polémique sur sa méthode de calcul. Eurostat, agence de statistiques de l'Union européenne, continue en revanche de le faire et a annoncé lundi un taux de 10,1% pour la France en janvier, après 10% en décembre et en novembre.

Le taux d'emploi de la population âgée de 15 à 64 ans s'élevait à 63,7% à la fin du quatrième trimestre et le taux d'activité (emploi ou chômage) à 70,5% contre 70,3%, selon l'Insee.  Pire, un quart des jeunes ayant terminé ou quitté les études était au chômage (25,3%, contre environ 20% lors de la récession de 1993-94 et 5 à 6% après le premier choc pétrolier). Le chômage masculin des 15-24 ans atteint donc un record depuis 1975 en métropole. Le scénario noir tant redouté d'un chômage de masse des hommes en début de vie active est en train de se produire avec la crise.

Seul point positif : le taux d'emploi des 55-64 ans en équivalent temps plein a progressé de 0,2 point à 42%, soit une hausse de 0,3 point en un an.
 

"N'en doutons pas, c'est une très grande menace pour l'économie française, alors même que la croissance a très officiellement accéléré en fin d'année dernière, commente Alexander Law, du cabinet Xerfi. Cela montre bien la fragilité de la conjoncture actuelle et surtout la menace qui pèse sur la consommation des ménages. Le chiffre de janvier en la matière a déjà été mauvais et les craintes s'accumulent pour la suite des événements sur fond de baisse probable du pouvoir d'achat des ménages".

Le sujet est vite devenu objet de polémique politique. Le Parti socialiste a aussitôt demandé un plan de relance "massif" pour l'emploi, la consommation et l'investissement. Il propose de porter à deux ans la durée d'indemnisation du chômage, de prolonger de six mois les indemnités des chômeurs en fin de droits et d'étendre à tout le territoire le dispositif de contrat de transition professionnelle. Pour prévenir les licenciements dans les entreprises bénéficiaires, "il faut rendre possible la mise sous tutelle des entreprises en amont des licenciements", ajoute le secrétaire au travail et à l'emploi du PS, Alain Vidalies, dans un communiqué. Le PS demande aussi la fin des suppressions de postes de fonctionnaires, un "plan social irresponsable en période de crise", et propose "de créer 150.000 emplois jeunes financés par la suppression des exonérations fiscales sur les heures supplémentaires".