Berlin répond aux critiques de Christine Lagarde

Par latribune.fr  |   |  456  mots
A la ministre française de l'Economie qui accuse l'Allemagne de doper sa compétitivité grâce aux bas salaires, Berlin rétorque que la question est plutôt de savoir "comment les autres pays peuvent-ils atteindre cela ?"

Il n'est "pas sûre" que le modèle allemand - à savoir "une forte pression sur les coûts de main d'oeuvre" pour améliorer la compétitivité  - soit "viable à long terme et pour l'ensemble de la zone euro, indiquait ce lundi au Financial Times la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde.

"Il est clair que nous avons besoin d'une meilleure convergence", ajoutait-elle. La réponse allemande ne s'est pas fait attendre. Oui à plus de convergence, a-t-on répondu Outre-Rhin. Cependant, pour Berlin, "il est plus profitable de réfléchir ensemble à une stratégie de croissance, plutôt que d'obliger certains à se retenir artificiellement", a réagi lundi le porte-parole de la chancelière Angela Merkel.

Ce dernier a également souligné le rôle du "Mittelstand" allemand, ce tissu de PME très spécialisées et fortement exportatrices. Des entreprises qualifiées de "très innovatrices et qui réagissent très vite".  Pour le gouvernement allemand, la question serait donc plutôt : "Comment les autres peuvent-ils atteindre cela ?"

Comment obliger les Allemands à consommer ?

Le reproche adressé par Christine Lagarde à l'Allemagne ne date pas d'hier : la modération salariale de ces dernières années a permis aux produits "made in Germany" d'être plus compétitifs que leurs concurrents sur les marchés mondiaux.

Dans le même temps, la faible consommation allemande freine ses importations. Résultat: l'Allemagne, qui vient de céder à la Chine le titre de premier exportateur mondial, affiche année après année des excédents commerciaux à faire pâlir d'envie ses voisins. Mais comment obliger le consommateur allemand à consommer ? "Nous ne sommes pas un pays qui décrète les salaires ou la consommation", a fait remarquer Berlin.

Le pays ne disposant pas de salaire minimum généralisé, le gouvernement peut en effet difficilement agir sur ce levier. Les syndicats allemands ont accepté dans les années 90 des salaires relativement bas pour préserver l'emploi, notamment dans un secteur industriel en pleine restructuration. En conséquence, le revenu des ménages a évolué très modérément. La pression fiscale croissante et le goût des Allemands pour l'épargne ont fait le reste.

Et la tendance n'est pas prêt de changer. L'accord salarial négocié le mois dernier par le syndicat IG Metall pour 3,5 millions de salariés de la métallurgie privilégie ainsi la sauvegarde de l'emploi, aux dépens des hausses de salaires.

Autre levier possible pour stimuler la consommation : les baisses d'impôts. Mais les Libéraux, membres du gouvernement d'Angela Merkel et apôtres des baisses d' impôts massives, ont déclaré ce dimanche être prêts à repousser à 2012 la prochaine vague d'allègements fiscaux.