L'Education nationale doit apprendre à compter... ses fonctionnaires

Par Clarisse Jay  |   |  394  mots
Plusieurs ministères vont bénéficier de crédits d'urgence pour payer ses fonctionnaires. Mais la mauvaise anticipation des départs à la retraite est particulièrement nette à l'Education.

Chaque fin d?année, la Maison Education refait le compte de ses effectifs. Et chaque fin d?année, elle découvre des agents en "surnombre" du fait notamment d?une mauvaise anticipation des départs à la retraite, ces derniers se révèlant finalement moins importants que prévus, et d?un mauvais calibrage en matière de recrutements. Ces surnombres sont d?ailleurs régulièrement mis en avant par le ministre de l?Education nationale pour amoindrir la portée des suppressions de postes qui se multiplient depuis 2007 en vertu de la règle du non remplacement d?un fonctionnaire sur deux partant à la retraite (11.300 postes en 2008, 13.500 en 2009, 16.000 en 2010, 16.000 en 2011?). Récemment, Luc Chatel justifiait ainsi les suppressions de postes de 2011 par la résorption de 5.600 surnombres dans le primaire et 4.800 dans le secondaire (La Tribune du 1er octobre).

Crédibilité

Mais cette année, la correction est particulièrement importante. Comme le soulevait le journal Le Monde début novembre, à l?occasion du projet de budget 2011, la commission des finances du Sénat a pointé la présence de 20.360 emplois supplémentaires (en fait des ETPT, c?est-à-dire des emplois équivalents temps plein travaillés). Une pirouette arithmétique due à des régularisations des mauvaises anticipations de départs à la retraite et de mauvais ajustements aux besoins des recrutements donc, mais aussi à des erreurs relativement grossières, comme la non-prise en compte des postes mobilisés pour les stages par les futurs enseignants?

Soit un total de 968.194 ETPT pour 2011 contre 963.616 en 2010. De quoi faire douter la commission des finances du Sénat de la "crédibilité des précédents schémas d?emploi", a déclaré son rapporteur général à l?agence de presse spécialisée AEF, observant que "les suppressions de postes proposées dans le premier degré pour 2011 correspondent en partie à celles qui auraient du être effectuées les années précédentes"? Cette "opération transparence", permet aussi au ministère de minimiser l?ampleur de ses suppressions de postes.

Quoiqu?il en soit, cette correction a nécessité une demande d?ouverture de crédits d?urgence ? approuvée - de 378 millions d?euros (sur un total de 930 millions d?euros) pour assurer la paie de ses fonctionnaires en décembre. Du jamais vu de mémoire de sénateur.