Christian Estrosi : «Epargnez l'industrie ! »

Par Propos recueillis par Fabien Piliu  |   |  452  mots
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Dans une interview à La Tribune, l'ex-ministre de l'Industrie appelle le gouvernement à limiter l'impact sur l'industrie du plan de rigueur.

La Tribune - Après l'adoption du budget 2011, Éric Besson, votre successeur à Bercy, a dénoncé la hausse des impôts pesant sur les entreprises. Christian Estrosi, vous qui êtes ancien ministre de l'Industrie, député UMP des Alpes-Maritime, êtes-vous sur la même ligne ?

Christian Estrosi - Tout à fait. La France sort à peine de la crise et on augnente la charge fiscale des entreprises ! Ce n'est pas raisonnable. En les taxant davantage, on leur ôte les moyens d'embaucher, d'augmenter les salaires et d'investir. On casse la dynamique engagée grâce à la suppression de la taxe professionnelle et aux États généraux de l'industrie. La rigueur doit un peu épargner l'industrie. Elle est indispensable mais, poussée à l'excès, elle pénalise les entreprises et la compétitivité de notre pays.

- Quelles sont vos propositions ?

- Aujourd'hui, les entreprises industrielles s'acquittent d'une soixantaine de taxes sans savoir pourquoi et pour qui elles paient. Il faut réfléchir aux moyens de les rendre moins nombreuses et plus incitatives. Comme député, je me battrai pour clarifier, simplifier et réduire ces prélèvements dans le budget 2012. Toujours dans le domaine fiscal, plutôt que de réduire l'ISF PME, il aurait été plus astucieux de le flécher vers les PME innovantes et/ou créatrices d'emplois. Quant à l'impôt sur les sociétés, je propose d'élargir son assiette et de baisser son taux comme l'ont fait nos voisins européens et que soit créé un nouveau taux réduit pour les entreprises qui réinvestissent leurs bénéfices.

- Faut-il rouvrir le débat sur les 35 heures ?

- Les 35 heures étaient une erreur mais ce qui était contraignant dans cette loi a été retiré. Ouvrir un nouveau débat sur ce sujet apparaîtrait comme une rupture de contrat. Ne créons aucune polémique sur ce sujet.

- Déplorez-vous le petit périmètre du ministère de l'Industrie ?

- Je regrette que la recherche et le spatial relèvent de l'enseignement supérieur, l'aéronautique des transports et que l'industrie du médicament soit partagée avec le ministère de la santé. J'avais plaidé auprès de l'Élysée pour que tous ces domaines se retrouvent dans un grand ministère de l'industrie indépendant des Finances. Un petit pas a été franchi avec l'énergie et l'économie numérique, c'est bien mais c'est insuffisant.

- Est-ce à l'État de piloter l'industrie ?

- Contrairement à certains ministres qui pensent que le marché a toujours raison, et qu'il peut tout corriger, je suis partisan d'un patriotisme économique et de l'interventionnisme lorsque c'est nécessaire. On me l'a reproché, je l'assume.