Enseignement de l'économie au lycée : la défense s'organise

Par Clarisse Jay  |   |  397  mots
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A l'occasion des états généraux des sciences économiques et sociales qui se sont tenus ce week-end à Paris, des intellectuels ont lancé un appel au ministre de l'Education nationale.

Les nouveaux programmes de sciences économiques et sociales (SES) n'en finissent pas de faire des remous. Dans le cadre de la réforme du lycée qui se met en place progressivement, ils ont été revus ou sont en train de l'être, au prix de vives polémiques : ceux de seconde, entrés en vigueur à la rentrée 2010, ont été réduits et font l'objets d'un "enseignement obligatoire" ; ceux de première ES (qui s'appliqueront à la rentrée 2011) sont jugés trop lourds, trop techniques et orientés idéologiquement ; et ceux de terminale ES, qui seront bientôt soumis à consultation, font déjà polémique.

"Théoricisme inadapté"

Pour contrer le gouvernement, l'Association des professeurs de SES (Apses) a lancé le débat en publiant son propre projet de programme de terminale dès le 2 janvier. Fin janvier, l'Association des sociologues enseignants du supérieur (ASES) a déploré que "le nouveau programme de SES pour la classe de première, une fois encore, tende à réduire la place des sciences sociales autres que la science économique", lui reprochant de faire l'impasse sur thèmes tels que les classes sociales et de "verser dans un théoricisme inadapté aux exigences de la transmission pédagogique". L'ASES appuie l'Apses dans sa demande d'un moratoire à l'application de ce programme et la désignation d'un nouveau groupe d'experts.

Appel de Vitruve

Samedi à Paris, les professeurs de SES sont remontés au créneau lors d'états généraux sur l'avenir de leur discipline. A cette occasion, plusieurs universitaires (parmi lesquels Christian Baudelot, Stéphane Beaud, Marjory Galy, présidente de l'Apses, Pierre Rosanvallon ou encore Thomas Piketty) ont lancé "l'appel de Vitruve", rendu public par Le Monde.fr. Dans ce texte intitulé "Les sciences économiques et sociales, un enjeu démocratique", ils estiment que les SES ont  "toute légitimité à être enseignées de façon obligatoire en seconde avec un horaire adapté à l'ambition des programmes, à la hauteur de la contribution de cet enseignement à la formation citoyenne des élèves". Et ils demandent au ministre de l'Education nationale d'intégrer cette discipline au "tronc commun de la classe de seconde avec un horaire revalorisé".

De quoi relancer le débat alors que le groupe d'experts mandaté par le ministère de l'Education nationale doit présenter le programme de la classe de terminale à la fin du mois.